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Du classique, du jazz et de la variété Mons Théâtre royal 04/02/2014 - et 5 avril 2014 (Ath) Johann Sebastian Bach: Concerto pour piano en fa mineur, BWV 1056
Antonin Dvorák: Sérénade pour cordes, opus 22, B. 52
George Gershwin: Songs pour piano (sélection) – The man I love – Strange Fruit
Billie Holiday: The End of a Love Affair – You have changed
Viktor Lazlo: Canoë rose
Viktor Lazlo (chant)
Orchestre royal de chambre de Wallonie, Frank Braley (piano et direction)
V. Lazlo (© Ann Sophie Lombrail)
Depuis le passage de témoin du 23 janvier (voir ici), Frank Braley assure désormais la direction musicale de l’Orchestre royal de chambre de Wallonie. Le pianiste a conçu pour ce concert un programme inhabituel : si la première partie reste conforme à ce que la formation joue d’habitude, la seconde évolue dans les registres du jazz et de la variété. S’agit-il d’un choix audacieux ou complaisant ? En tout cas, si l’objectif consiste à attirer un plus large public, de nombreux sièges restent inoccupés mais la météo estivale incite davantage à se prélasser sur une terrasse de la Grand-Place qu’à se rendre au Théâtre royal.
Dans le Concerto en fa mineur de Bach, les cordes, de belle tenue, dialoguent courtoisement avec le piano allègre et détaché de Frank Braley qui glisse à travers cette musique sans effort ni prétention. Les musiciens adoptent dans l’Allegro une allure trop modérée, livrent un Largo plutôt anodin et s’éveillent enfin dans un Presto assez entraînant. La Sérénade pour cordes (1875) de Dvorák ne présente probablement pas de risque particulier pour l’orchestre qui l’a déjà exécutée au moins une fois dans cette salle (voir ici). Si le Moderato accuse une légère frilosité et quelques imprécisions, les cordes s’échauffent et s’unissent davantage ensuite, notamment dans un Scherzo et un Finale animés et élancés.
Après la pause, Frank Braley revient seul, du moins dans un premier temps, pour interpréter une sélection de dix Songs pour piano de Gershwin en prenant soin de présenter ces pièces au préalable et de prononcer, à chaque fois avant de jouer, le titre de chacune d’elles. Le pianiste accorde manifestement de l’importance à ces pages qu’il restitue avec une sensibilité jamais déplacée et un excellent sens du rythme. Viktor Lazlo le rejoint ensuite pour entonner The man I love de sa voix grave et suave. La chanteuse, également actrice et romancière, a conçu un spectacle musical consacré à Billie Holiday, dans une mise en scène d’Eric-Emmanuel Schmitt et présenté au Théâtre Rive Gauche de Paris. Cette fois avec l’orchestre, elle interprète deux chansons de cette icône du jazz, The End of a Love Affair et You have changed, avant que Frank Braley ne regagne son piano pour l’accompagner dans un Strange Fruit de Gershwin d’une grande force de conviction. Viktor Lazlo termine sa prestation, de nouveau avec l’orchestre, sur un de ses plus grands succès, Canoë rose, qui alterne sections parlées et chantées, puis, en guise de bis, sur Summertime, tiré de son opéra Porgy and Bess. Voilà une seconde partie qui change de l’ordinaire mais la collaboration entre Frank Braley et l’orchestre devra être évaluée sur le long terme et dans des programmes plus traditionnels.
Sébastien Foucart
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