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La Corse au cinéma lyrique

Marseille
Opéra
03/08/2014 -  et 11, 13*, 16 mars 2014
Jean-Claude Petit : Colomba (création)

Marie-Ange Todorovitch (Colomba), Pauline Courtin (Lydia), Lucia Roche (Miss Victoria, Une voix), Cécile Galois (Saveria), Jean-Philippe Lafont (Le colonel Nevil), Francis Dudziak (Le Préfet), Jean-Noël Briend (Orso), Cyril Rovery (Giocanto Castriconi), Bruno Comparetti (Orlanduccio Barricini, Un matelot), Mikhael Piccone (Vincentello Barricini), Jacques Lemaire (Barricini Père)
Chœur et Orchestre de l’Opéra de Marseille, Claire Gibault (direction musicale)
Charles Roubaud (mise en scène), Emmanuelle Favre (décors), Katia Duflot (costumes), Julien Ribes (vidéos), Marc Delamézière (lumières)


(© Christian Dresse)


Inspirée par la nouvelle éponyme de Mérimée, spécialiste de l’exotisme méridional, Colomba, commande de l’Opéra de Marseille à Jean-Claude Petit, s’inscrit dans le folklore corse et sa légendaire rétivité aux lois françaises, de l’Empire comme du Royaume ou de la République. Histoire de l’obsessionnelle soif de vengeance d’une fille après l’assassinat de son père élucidé dans de troubles conditions dont l’île de Beauté a décidément le secret, l’ouvrage est structuré par un vocero qui fonctionne comme une sombre ritournelle. Mais si avec un livret en vers dû à Benito Pelegrín et une généreuse écriture mélodique, cette création revient à des codes tombés en désuétude, la caractérisation des atmosphères à laquelle se limite essentiellement la partition fait résolument pencher celle-ci vers la musique de film, que Jean-Claude Petit a longuement pratiquée avec succès. Elle constitue ainsi un fond aux parties chantées, qui s’apparentent plus à des dialogues arrangés qu’à une véritable écriture vocale «opératique». Avec ses éléments de carton-pâte soutenus par des projections vidéo en arrière-scène – la mer, le cloître – la production de Charles Roubaud prend le parti du pittoresque, et fait du plateau un grand écran où s’inscrit la destinée des protagonistes de ce drame aux couleurs locales où passent quelques clins d’œil au public marseillais, à l’instar du passage à l’hôtel Beauvau... à deux pas de l’Opéra.


On peut du moins saluer la performance de Marie-Ange Todorovitch, qui a pris le relais de Béatrice Uria-Monzon initialement programmée dans le rôle-titre. Elle témoigne d’une indiscutable présence et son timbre homogène sied efficacement à l’allure renfrognée de Colomba. Elle fait par ailleurs de louables efforts quant à l’intelligibilité du texte. Son frère Orso souffre au début de la soirée de la voix contractée de Jean-Noël Briend, qui s’ouvre cependant au fil de la représentation. Dans un répertoire qu’il maîtrise bien, Francis Dudziak incarne un Préfet crédible, tandis que Jean-Philippe Lafont s’appuie sur son instinct théâtral pour faire exister le colonel Nevil. Pauline Courtin réserve à Lydia des accents d’une fraîcheur citronnée. Lucia Roche psalmodie le vocero d’estimable manière quand Cécile Galois sait donner à Saveria la fruste fidélité qu’il convient. Cyril Roveri, dans la défroque de Giocanto Castriconi, ainsi que le clan des Barricini – Bruno Comparetti et Mikhael Piccone pour les fils, Jacques Lemaire, le patriarche – complètent le tableau.


A la tête de l’orchestre et du chœur de la maison, Claire Gibault anime avec entrain cette pellicule sonore, qui, avec ses personnages à la psychologie élémentaire bien trempée et ses situations typées, passera sans doute assez bien l’écran télévisé – une captation est réalisée par France Télévision – où s’abîmera sans doute sa mémoire.



Gilles Charlassier

 

 

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