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Une création raffinée

Paris
Salle Gaveau
03/03/2014 -  et 4, 5 mars 2014
Antoine d’Ormesson : L’Echange

Yété Queiroz (Marthe), Ksenija Skacan (Lechy Elbernon), Rémy Poulakis (Louis Laine), Jean-Louis Serre (Thomas Pollock Nageoire)
Orchestre HI.14, Sébastien Billard (direction musicale)
Brigitte de la Chauvinière (mise en scène), Aurore Pallet (décors et peinture «live»), Siegrid Petit-Imbert (costumes)




Compositeur aux talents multiples et d’une haute lignée aristocratique, Antoine d’Ormesson (né en 1924) entretient depuis de nombreuses années des affinités particulières avec Paul Claudel – en témoigne son oratorio Le Chemin de la Croix. C’est donc tout naturellement vers lui que les héritiers du poète français se sont tournés pour faire un ouvrage lyrique de la pièce L’Echange. A partir de la version pour grand orchestre créée en 2001, il en a tiré une version pour formation instrumentale réduite qui connaît salle Gaveau ses trois premières représentations.


Huis clos où l’imbroglio sentimental s’exacerbe, l’ouvrage adapte habilement la prosodie originale à la performance musicale. Respectueuse d’un texte condensé à une simplicité à la fois expressive et d’une fraîcheur presqu’innocente, l’écriture vocale se révèle soucieuse d’une intelligibilité que servent remarquablement les interprètes. A commencer par Yété Queiroz, mezzo à la tessiture homogène sur les épaules de laquelle ploie la soumission et l’amour de Marthe pour son mari Louis Laine qu’elle a suivi aux Etats-Unis – la lecture de la lettre est l’une des plus belles pages de l’œuvre – et qui restitue avec un naturel émouvant l’humilité de son personnage. L’époux revient au très vigoureux Rémy Poulakis, ténor au timbre nourri et aux aigus sûrs dont l’éclat et l’insolence dissimulent une fragilité à laquelle il succombera. Jean-Louis Serre affirme un solide Thomas Pollock Nageoire, riche propriétaire terrien transi d’amour pour la modeste Marthe, pour laquelle il délaisse sa fantasque actrice d’âge mûr, Lechy Elbernon, dont l’extravagance exaltée par Ksenija Skacan – au vestiaire presque spéculaire pour une partie du public de la salle – finit par verser dans un criminel incendie.


Assumant sa filiation d’avec l’école française, la facture orchestrale se distingue par une élégance et un raffinement que l’on retrouve dans l’inspiration mélodique et harmonique. Privilégiant l’accompagnement à la nervosité dramatique, la musique ne cherche pas à courir derrière l’avant-garde et évite le premier degré de climax sonores que les situations théâtrales suggéreraient pour préserver une retenue qui s’incline devant un sens des convenances reconnaissable par de bourgeoises oreilles. Confiée à Brigitte de la Chauvinière, la mise en scène tire parti des contraintes particulières du plateau de Gaveau. Le minimalisme du dispositif est dominé par la peinture de la propriété de Thomas Pollock Nageoire. Au fil de la soirée, le pinceau d’Aurore Pallet dessine le havre où s’amarre le drame en nuances de gris qui rappellent une certaine économie artistique extrême-orientale, avant que le rouge incendiaire ne masque la demeure détruite. Avec une certaine naïveté, l’ensemble concentre ainsi l’attention sur les mots et les rapports entre les protagonistes, dans une conception chambriste au diapason de la création d’Antoine d’Ormesson.


Le site d’Antoine d’Ormesson



Gilles Charlassier

 

 

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