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Pas à la Bastille !

Paris
Opéra National de Paris-Bastille
12/14/2000 -  17, 18, 21, 22, 25, 27, 28, 29, 30, 31 décembre 2000, 9, 11, 12, 13, 15, 16, 18, 19, 20, 21 janvier 2001
Johann Strauss : Die Fledermaus
Dagmar Schellenberger (Rosalinde), Malin Hartelius (Adele), Beatrice Uria-Monzon (Orlofsky), Charles Workman (Eisenstein), Andreas Scheibner (Franck), Bonaventura Bottone (Alfred), Christopher Schaldenbrand (Falke), Wolfgang Ablinger- Sperrhacke (Blind).
Orchestre et cheours de l’Opéra National de Paris, Armin Jordan (direction).
Colline Serreau (mise en scène), Laura Scozzi (chorégraphie), Jean-Marc Stehlé et Antoine Fontaine (décors), Christian Gasc (costumes), Geneviève Soubirou (lumières)

Sans revenir sur la production, au sujet de laquelle Katia Choquer émettait de sérieuses réserves, avouons, peut-être parce que moins familier de la culture viennoise, une plus grande indulgence. Encombré de certaines maladresses (la croix gammée en particulier n’était pas nécessaire : la belle référence à la B.D. Maus dans l’ouverture et l’enchaînement du palais d’Orlofsky à la prison illustraient avec suffisamment de justesse le propos du metteur en scène pour qu’il semble inutile d’en rajouter une couche), moins fouillé dans la direction d’acteurs qu’on aurait pu l’espérer –songeons aux Offenbach de Laurent Pelly-, le spectacle de Colline Serreau ne nous en a pas moins semblé posséder sa logique et sa cohérence, bien que les instants vraiment magiques y soient rares, et plutôt du fait de la chorégraphe Laura Scozzi. Ajoutons que le lieu porte sa part de responsabilité ; les œuvres adéquates à la salle de la Bastille étant finalement assez nombreuses, faut-il vraiment y rajouter celles qui exigent comme condition sine qua non la proximité entre plateau et public, ainsi que le contact physique, presque charnel avec le son de l’orchestre et des voix qui ne gagnent rien à être forcés ? Un véritable entertainer au podium aurait pu rendre l’expérience moins désespérée. Avec Jordan, on s’imaginait d’emblée loin du compte, et rien hélas n’est venu infirmer cette crainte. Une certaine forme d’équilibre et de discipline musicale, assurément, mais pas de pulsation rythmique à même de souder instrumentistes et chanteurs (lesquels paraissent souvent articuler sans lien avec le phrasé de l’orchestre), aucune vitalité dans les attaques, des tempos patauds là où il devraient s’emballer. L’orchestre d’ailleurs paraît médiocrement concerné et affiche une forme bien inférieure à ses standards habituels, le chœur s’avère ce soir approximatif. C’est d’autant plus regrettable que la distribution est excellente, et que certaines voix qui peinent ici à nous emporter s’épanouiraient sans peine à Garnier. Un heureux sort nous vaut, remplaçante de dernière minute, la Rosalinde experte de Dagmar Schelenberger, musicienne stylée et voix aussi pure que consistante, actrice surtout irrésistible, avec des mines à la Vivien Leigh dans le badinage du premier acte et d’un bout à l’autre l’idéal mélange de grâce, de frivolité et de dignité bourgeoise. Malin Hartelius marque moins ici que dans ses miraculeuses Indes Galantes (elle souffre aussi particulièrement de l’acoustique), mais le charme de la présence physique, du timbre plus corsé qu’à l’accoutumée dans cet emploi et de l’extrême intelligence musicale opèrent toujours. L’entré d’Uria-Monzon est naturellement saisissante, mais il ne se passe pas grand chose ensuite – la voix serait idoine, mais pas le style, ni le bagage technique et les mots. Equipe masculine sans faiblesse en revanche, où l’on admire le maintien cabot, l’ardeur juvénile et le chant de grande classe de Charles Workman en Eisenstein (magnifique tableau final en particulier), l’Alfred fat et toute glotte dehors, mais sans histrionisme aucun, de Bonaventura Bottone et le Franck savamment ambigu d’Andreas Scheibner. De ce spectacle en dents de scie, et d’ailleurs très inégalement accueilli par le public, une autre baguette et un cadre plus clément pourraient sans doute tirer bien plus.


Vincent AGRECH

 

 

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