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Le Villi : un rare Puccini de jeunesse Paris
Théâtre des Champs-Elysées
02/20/2014 -
Ruggero Leoncavallo: I Pagliacci: Prologo, «Vesti la giubba» et Intermezzo
Arrigo Boito: Mefistofele: «L’altra notte in fondo al mare»
Pietro Mascagni: Cavalleria rusticana: «Mamma! Mamma, quel vino è generoso»
Francesco Cilea: Adriana Lecouvreur: «Poveri fiori»
Giacomo Puccini: Le Villi
Ermonela Jaho (soprano, Anna), Thiago Arancam (ténor, Roberto), Angel Odena (baryton, Guglielmo), Marcello Scuderi (récitant)
Chœur de Radio France, Stéphane Petitjean (chef de chœur), Orchestre national de France, Luciano Acocella (direction)
E. Jaho
Le public l’a échappé belle : une menace de grève brandie par deux organisations syndicales de Radio France a pesé sur ce concert mais celui-ci s’est finalement tenu sans encombre. Puccini a composé son premier opéra, Le Villi (1884), dans le cadre d’un concours mais sans succès puisqu’il n’a décroché ni prix, ni mention. Néanmoins, grâce à Arrigo Boito, l’ouvrage a été créé le 31 mai 1884 au Teatro dal Verme puis une version définitive de cette première tentative lyrique a été représentée l’année suivante à la Scala. Reposant sur le même argument que celui de Giselle d’Adam, cet opéra-ballet en deux actes et un interlude, durant lequel intervient un narrateur, figure rarement à l’affiche.
Quelques enregistrements permettent toutefois de connaître cette œuvre qui révèle déjà un talent certain pour exploiter le potentiel dramatique de la voix et de l’orchestre, et ce malgré un livret modérément convaincant. Peu personnelle mais prometteuse, elle manque encore de diversité dans les parties vocales, peu contrastées, et peine à conférer du relief et du caractère aux personnages, surtout Guglielmo, le père d’Anna, morte de chagrin après avoir appris que son fiancé, Roberto, l’a trompée avec une courtisane – les Villi, fantômes de jeunes filles qui se vengent en tuant leur fiancé infidèle, danseront autour du jeune homme volage avant de l’emporter dans l’au-delà.
Ermonela Jaho, Thiago Arancam et Angel Odena livrent une prestation suffisante pour découvrir cet opéra dans des conditions propices. La soprano albanaise, qui possède un timbre de toute beauté sur toute l’étendue de la tessiture, incarne l’amoureuse trompée de façon relativement convenue mais elle veille aux nuances et atteint aisément le registre aigu, sans contraction – le médium et le grave, épanouis, présentent beaucoup d’attrait. Le ténor italo-brésilien, dont la voix séduit dans une moindre mesure, apporte trop de pathos à son personnage, artificiellement composé, et a une fâcheuse tendance à retreindre l’émission dans le haut médium. Le baryton espagnol assure quant à lui des interventions convenables, nonobstant une intonation de temps en temps fluctuante.
A la tête d’un Orchestre national de France modérément concerné mais assez uni et précis, malgré quelques légers écarts de justesse des cuivres, Luciano Acocella traduit soigneusement le contenu dramatique de cette musique et attire l’attention sur l’orchestration et l’harmonie. Préparé par Stéphane Petitjean, le Chœur de Radio France affiche une homogénéité pas toujours parfaite mais il fait preuve de fermeté et de consistance.
Comportant quelques airs d’opéra de Leoncavallo, Boito, Mascagni et Cilea, la première partie porte le concert à une durée raisonnable et lui assure sa cohérence. Les réserves vocales restent identiques : Angel Odena chante le Prologue de Paillasse sans marquer les esprits, Ermonela Jaho, qui apparaît dans une autre tenue, déploie ses fabuleux moyens dans des airs de Mefistofele et d’Adrienne Lecouvreur, impeccablement chantés, mais Thiago Arancam entonne «Vesti la giubba» trop précipitamment et en adoptant une gestuelle aussi factice qu’irritante.
Le site d’Ermonela Jaho
Le site de Thiago Arancam
Le site d’Angel Odena
Sébastien Foucart
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