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L’émotion rencontre l’humour

Lille
Opéra
01/28/2014 -  et 30 janvier, 1er, 4, 7* février 2014
Leos Janácek: Príhody lisky Bystrousky
Elena Tsallagova (La renarde), Jurgita Adamonyte (Le renard), Oliver Zwarg (Le garde-chasse), Salomé Haller (La femme du garde-chasse), Alan Oke (L’instituteur), Krzysztof Borysiewicz (Le curé, Le blaireau), Derek Welton (Harasta le braconnier), Irène Candelier (La femme de l’aubergiste, Le pivert), Yves Vandenbussche (Pásek l’aubergiste), Michelle Seitz Lagache (Lapák le chien), Anne-Cécile Laurent (Le coq, Le geai), Camille Slosse (Chocholka la poule), Donatienne Milpied (Le hibou), Sérène Perrel/Juliette Specq (La renarde enfant, Le crapaud), Léopoldine Aubrée (Le crapaud), Marguerite Bert/Léopoldine Aubrée (Le renardeau), Cyprien Nicolay/Clément Bayet (Le grillon, Pepík), Neil Ounais (La sauterelle, Frantík)
Chœur de l’Opéra de Lille, Yves Parmentier (chef du chœur), Chœur maîtrisien du Conservatoire de Wasquehal, Pascale Diéval-Wils (chef du chœur), Maîtrise des Hauts-de-Seine, Gaël Darchen (chef du chœur), Orchestre national de Lille, Franck Ollu (direction musicale)
Robert Carsen (mise en scène, lumières), Gideon Davey (décors, costumes), Peter Van Praet (lumières), Philippe Giraudeau (chorégraphie)


(© Opéra du Rhin)


Il y a un peu moins de cinq ans, l’Opéra de Lille a représenté une adaptation abrégée de La Petite Renarde rusée (1924). L’ouvrage de Janácek figure de nouveau à l’affiche dans une nouvelle production partagée avec l’Opéra national du Rhin (voir ici), cette fois dans la version originale. La mise en scène de Robert Carsen et les décors de Gideon Davey privilégient le dépouillement : grâce au jeu scénique et aux costumes, les chanteurs et les danseurs suggèrent les animaux plus qu’ils ne les représentent tandis que le dispositif se résume pour l’essentiel à un sol vallonné tantôt recouvert de feuilles mortes, tantôt enneigé, tantôt tapissé d’herbe fraîche. Pas d’arbre, donc, pour évoquer la forêt mais la fonte des neiges, suscitée par le dégagement progressif du sol enveloppé d’une toile blanche, constitue une idée aussi simple qu’efficace. Des jeunes incarnent les renardeaux simplement vêtus de sweat-shirts à capuche de couleurs brune et orange : cela suffit pour distinguer le monde des animaux de celui des humains. Habillés de la sorte, le Renard et la Renarde s’engagent dans un échange amoureux un peu comme des adolescents épris l’un de l’autre.


Cette approche métaphorique et empreinte de poésie s’avère dans l’ensemble assez convaincante. Même s’il ne constitue pas un éblouissement visuel permanent, ne serait-ce que parce qu’il ne se passe pas grand-chose durant les interludes orchestraux, le spectacle comporte son lot de belles images, en particulier lorsque les renards sortent vivement de leur terrier pour envahir la scène. La scénographie illustre le temps qui s’écoule inexorablement et l’impossibilité pour les hommes de maîtriser entièrement la nature, fidèle en cela au message humaniste et écologiste avant l’heure de l’opéra. Les chanteurs peinent parfois à conférer un tant soit peu de relief aux humains, comme l’aubergiste, le curé, l’instituteur, la femme de l’aubergiste et celle du garde-chasse, peu caractérisés. Les animaux convainquent davantage : le public s’amuse de ce chien interprété par une chanteuse à quatre pattes, et portant une casquette cache-oreilles, ainsi que de ces poules si savoureusement caricaturées. L’émotion rencontre l’humour : mission accomplie.


Spécialiste de la musique contemporaine, Franck Ollu dirige trop sèchement un Orchestre national de Lille amidonné, anguleux, anémié : les cordes, parfois atones, s’avèrent inégales, les cuivres présentent quelques faiblesses mais les bois s’expriment le plus souvent avec finesse. La prestation d’Elena Tsallagova, déjà acclamée en renarde à l’Opéra de Paris en 2008, révèle une soprano maîtresse de ses moyens et disposant d’un timbre charmeur qui s’unit harmonieusement avec celui de Jurgita Adamonyte, distribuée dans le rôle du renard. Salomé Haller, Irène Candelier, Alan Oke, Krzysztof Borysiewicz et Derek Welton chantent leur partie convenablement mais sans habiter pleinement leur personnage. Le meilleur représentant du monde des humains reste en fin de compte le Garde-chasse robuste mais vocalement habile d’Oliver Zwarg. Les interprètes incarnant les animaux livrent dans l’ensemble des prestations au point. Il convient d’applaudir à ce titre le concours enthousiaste des garçons et des filles du Chœur maîtrisien du Conservatoire de Wasquehal et de la Maîtrise des Hauts-de-Seine qui apportent une touche de spontanéité bienvenue à cette production.



Sébastien Foucart

 

 

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