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Triptyque

Bruxelles
La Monnaie
01/22/2014 -  et 22, 24, 26*, 28, 29, 31 janvier, 2, 4, 5, 7 février 2014
Leos Janácek: Jenůfa
Sally Matthews*/Andrea Danková (Jenůfa), Charles Workman (Laca Klemen), Nicky Spence (Steva Buryja), Jeanne-Michèle Charbonnet (Kostelnicka Buryjovka), Carole Wilson (Starenka Buryjovka), Ivan Ludlow (Stárek), Alexander Vassiliev (Richtár), Mireille Capelle (Rychtárka), Hendrickje Van Kerckhove (Karolka), Beata Morawska (Pastuchnyna), Chloé Briot (Jano), Nathalie Van de Voorde (Barena), Marta Beretta (Tetka)
Chœurs de la Monnaie, Martino Faggiani (chef des chœurs), Orchestre symphonique de la Monnaie, Ludovic Morlot (direction)
Alvis Hermanis (mise en scène, décors), Anna Watkins (costumes), Gleb Filshtinsky (éclairages), Alla Sigalova (chorégraphie), Ineta Sipunova (vidéo)





Encore peu d’opéras à son actif mais déjà l’étoffe d’un grand de la scène lyrique : après Les Soldats de Zimmermann et Gawain de Birtwistle au Festival de Salzbourg, Alvis Hermanis met en scène à la Monnaie une Jenůfa (1904) probablement sans équivalent à ce jour. Les décors conçus par le Letton et les animations vidéo imaginées par Ineta Sipunova se réfèrent explicitement à l’esthétique du peintre et affichiste tchèque Alfons Mucha (1860-1939), contemporain de Janácek, tandis que les costumes démesurés et richement ornés d’Anna Watkins représentent fidèlement les habits traditionnels moraves.


Le huis clos du deuxième acte échappe toutefois à ce traitement puisque celui-ci se déroule dans une modeste demeure aux murs défraîchis, les protagonistes évoluant cette fois en tenue de tous les jours. Le spectacle, qui nécessite par conséquent deux pauses, se présente comme un triptyque: les premier et troisième actes, d’aspect semblable, encadrent le deuxième qui revêt par ce biais une dramaturgie propre. Alvis Hermanis cerne finement la dimension psychologique de l’épisode médian mais, durant le reste du spectacle, les chanteurs, engoncés dans des costumes qui symbolisent à eux seuls le poids des conventions de la communauté, adoptent une gestuelle stylisée et hiératique proche du kabuki qui édulcore la tension dramatique.



(© Karl und Monika Forster)


La rencontre entre, d’une part, la modernité de la musique et, d’autre part, la conformité de la scénographie tant aux coutumes moraves pour les costumes qu’à l’art pictural tchèque pour les décors s’avère des plus intéressantes mais cette approche sert-elle vraiment l’œuvre ? Pas sûr, car si le deuxième acte constitue musicalement et théâtralement une réussite indéniable, les deux autres relèvent davantage du folklore. D’une beauté visuelle sidérante, cette production, partagée avec le Théâtre communal de Bologne et le Bolchoï, a au moins le mérite de révéler l’immense savoir-faire des ateliers de la Monnaie et d’attirer l’attention sur ce metteur en scène qu’il convient désormais de suivre de près.


Plus convaincant dans Janácek que dans Mozart (voir ici et ici), Ludovic Morlot gagnerait à préciser davantage la mise en place, afin de mieux dévoiler les moindres merveilles de l’orchestration, et à tempérer la dynamique pour ne pas trop couvrir les chanteurs, mais l’orchestre, qui assure une prestation saillante et expressive, assimile adéquatement les inflexions et la rythmique de cette musique.


La distribution ne comporte aucun chanteur tchèque – Andrea Danková, qui alterne dans le rôle-titre avec Sally Matthews, est d’origine slovaque – mais le chant assimile sans difficulté apparente l’idiome de la langue. La soprano britannique se montre discrète et sensible pour cette prise de rôle mais le reste du plateau suscite plus d’enthousiasme. La différence d’âge entre Jenůfa et la Kostelnicka de haute tenue de Jeanne-Michèle Charbonnet paraît peu élevée. La chanteuse, qui détient un registre vocal bien distinct de celui de sa partenaire, ne possède pas entièrement la physionomie requise, plus précisément le visage, trop juste austère et buriné – la Starenka de Carole Wilson s’avère plus persuasive. Charles Workman et Nicky Spence, qui incarnent respectivement un Laca vocalement stylé et un Steva théâtralement convaincant, déclenchent à juste titre de chaleureux applaudissements lors des saluts. Parmi les rôles secondaires, Alexander Vassiliev, bailli plein de bonhomie bourgeoise, et Chloé Briot, Jano plein de fraîcheur juvénile, tirent leur épingle du jeu tandis que les chœurs confirment le remarquable niveau auquel les porte Martino Faggiani depuis quelques saisons.



Sébastien Foucart

 

 

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