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Fin d’année mahlérienne à l’Opéra

Paris
Opéra Bastille
12/30/2013 -  
Gustav Mahler : Symphonie n° 2 en ut mineur «Résurrection»

Julia Kleiter (soprano), Michaela Schuster (mezzo-soprano)
Chœur et Orchestre de l’Opéra national de Paris, Philippe Jordan (direction)


P. Jordan (© Johannes Ifkovits)


Philippe Jordan et son orchestre ont terminé l’année sur la Symphonie « Résurrection » de Mahler : faut-il y voir un symbole ? 2014 sera-t-elle une année lumineuse ? L’Opéra de Paris va-t-il retrouver du lustre ? Quoi qu’il en soit, on a entendu un superbe concert. Non que le chef ait été emporté par un souffle visionnaire ou nous ait donné à voir, à travers cette grandiose Deuxième Symphonie créée en 1895, l’Apocalypse avant la Résurrection. Le Totenfeier de 1888, devenu ensuite premier mouvement de la partition, donne le ton : ce n’est pas la dimension épique ou métaphysique qui marquera son interprétation, mais la rigueur de la construction. Qu’on ne compte pas sur lui, non plus, pour mettre en écharpe – ou sur le divan – le cœur du compositeur, encore moins pour faire de la musique un miroir de lui-même : nous voilà plus près de Boulez que de Bernstein.


Lecture aux tempos modérés, jamais précipitée, très fouillée dans le détail, très horizontale, où Mahler rejoint les grands polyphonistes, alors que d’autres privilégient davantage la verticalité. L’orchestre atteint ici un degré de précision dont les grandes phalanges se montrent seules capables. Certes on les sent un peu bridés, comme cette baguette qui hésite à s’abandonner. Le laendler de l’Andante moderato, en revanche, ne manque pas de charme viennois, surtout dans les pizzicatos, alors que le mouvement suivant, version orchestrale du Prêche de saint Antoine aux poissons, tiré de ce Cor merveilleux de l’enfant si cher au compositeur, pourrait être un rien plus piquant ou plus sarcastique. L’orchestre n’est pas en cause dans Urlicht, banalisé par une Michaela Schuster sans rayonnement, dont on attendrait un timbre plus profond et un legato plus raffiné.


C’est dans l’immense finale, à vrai dire, que l’interprétation révèle toute sa force, alors que la succession de ses parties met en péril les lectures trop peu pensées et trop fragmentées. Philippe Jordan y confirme avec éclat ce que révélait le premier mouvement : la cohérence unitaire de sa conception, l’évidence des enchaînements. Le texte de Klopstock, où plane le soprano irradiant de Julia Kleiter, peut alors être clamé par le chœur, en bonne forme malgré les aigus incertains des sopranos. Galvanisées par la maîtrise de la direction, les forces de l’Opéra ont donné, pour prendre congé de 2013, le meilleur d’elles-mêmes.



Didier van Moere

 

 

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