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Splashy

Geneva
Victoria Hall
12/06/2013 -  
Benjamin Britten: Four Sea Interludes from Peter Grimes, opus 33a
Tan Dun: Water concerto
Richard Strauss: Quatre derniers lieder
Francis Poulenc: Concerto pour deux pianos

Aiyun Huang (percussion), Polina Pasztircsák (soprano), Martha Argerich, Nelson Goerner (Piano)
Orchestre de la Suisse Romande, Alejo Pérez (direction)


A. Huang (© Anne-Laure Lechat)


Le cru 2013 du concours de Genève se distingue de ses anciennes éditions en incluant un prix de composition. Celui-ci a été remporté par le Sud-Coréen Kwang Ho Cho alors que la Japonaise Chikako Yamanaka recevait elle le prix du public (les amateurs de musique contemporaine pourront écouter le iciconcert de clôture) et également par le fait de célébrer son passé et de réinviter des précédents lauréats.


C’était Jaap van Zweden qui devait diriger ce concert mais le chef hollandais a dû être remplacé au pied levé par Alejo Pérez. Si l’Argentin assure une mise en place de qualité dans une série d’œuvres délicates, cette soirée est malheureusement marquée par des fréquents problèmes d’équilibre entre les pupitres. Les interventions des cuivres dans la tempête qui clôt les Interludes de Peter Grimes couvrent complétement les cordes. Ces pages qui sont normalement si expressives manquent ainsi cruellement d’atmosphères. Plus problématique, la jeune soprano Polina Pasztircsák, lauréate du concours en 2009, n’a pas le format vocal que demandent les Quatre derniers lieder de Strauss. Les températures genevoises sont devenues très hivernales et peut-être était-elle souffrante. Son répertoire inclut du Verdi, qu’elle chante dans son pays, mais ce soir, elle ne passe pas au-dessus de l’orchestre.


De nombreux spectateurs étaient surement venus pour entendre Martha Argerich ainsi que Nelson Goerner, premiers prix en 1957 et en 1990, dans le Concerto pour deux pianos de Poulenc. Les deux pianistes sont tout à fait à leur aise dans cette œuvre brillante, faussement kitsch et un peu canaille. La vigueur rythmique et la précision que demande le concerto ne bride nullement leur liberté de ton et ils gardent une qualité de toucher sans la moindre dureté. Très applaudi, ils bissent l’Allegro molto final pour le plus grand plaisir du public.


Celui-ci se souviendra cependant très probablement de la découverte que représente le Water Concerto de Tan Dun dont la musique n’avait plus été jouée à Genève depuis la visite de l’Orchestre symphonique de Shanghai en novembre 2010. Cette œuvre, dont la partie centrale est la plus développée, est écrite pour trois percussionnistes qui utilisent en plus de percussions classiques des vasques pleines d’eau dont le son est amplifié par des micros. La pièce est plus un long solo de percussions qu’un concerto formel, l’orchestre étant peu mis à contribution. Le compositeur chinois y recherche des sonorités nouvelles ainsi les bois jouent parfois uniquement avec leurs embouchures et les cuivres émettent un son sec en en tapant avec la main sur leurs instruments. L’œuvre est une longue série de variations, la musique étant tour à tour mystérieuse, évocatrice de la nature ou simplement épique. La partie centrale tenue par la taiwanaise Aiyun Huang, primée en 2002, est un tour de force et il faut saluer, au-delà de la performance, le fait qu’elle joue sans partition.


Certes, il existe des œuvres pour ce type formation qui soient plus modernes ou plus contemporains et certains passages sont un peu répétitifs et ne marchent pas tous autant. Mais au final, le public qui était probablement venu pour entendre les pianistes se retrouve conquis par l’originalité de cette œuvre. Décidément, pour ce cru 2013 du concours de Genève, ce sont bien les compositeurs qui comptent.



Antoine Leboyer

 

 

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