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Après le plaisir, l’émotion

Paris
Salle Pleyel
12/01/2013 -  
Dmitri Chostakovitch: Symphonie n° 9, opus 70 – Concerto n° 1 pour piano, trompette et orchestre à cordes, opus 35 – Symphonie n° 4, opus 43
Daniil Trifonov (piano), Timur Martynov (trompette)
Orchestre du Théâtre Mariinsky, Valery Gergiev (direction)


V. Gergiev (© Diana Grigore)


Entamée le 7 janvier et se poursuivant jusqu’au 18 février prochain, l’intégrale des Symphonies et des Concertos de Chostakovitch à Pleyel constitue une véritable aubaine : quelques-unes ne figurent pas si souvent que cela à l’affiche, comme la Deuxième, la Troisième et même la Treizième «Babi Yar», qui nécessite pour sa part de considérables moyens. Valery Gergiev, qui ne se repose jamais, et le Mariinsky, qu’il dirige depuis 1988, portent ce projet ambitieux. Le concert de ce dimanche après-midi, au programme absolument colossal, attire une foule compacte qui s’agglutine massivement devant les portes de la salle, qui restent closes une dizaine de minutes avant l’entrée des musiciens sur scène. L’orchestre répétait-il encore ?


La Neuvième Symphonie (1945) ne trahit en tout cas aucune impréparation. Les musiciens en aèrent la structure, y insufflent une irrésistible vitalité, en densifient le propos lorsque la partition appelle plus de gravité, dans le Largo plus particulièrement, où le basson soliste réussit son intervention haut la main. La finition instrumentale s’avère d’ailleurs de tout premier ordre, même si la sonorité ne parait pas dans l’ensemble aussi typée que celle d’autres phalanges d’exception. Les cordes séduisent, les bois émerveillent (surtout la clarinette et la flûte solistes dans le Moderato), les cuivres épatent – un bien bel orchestre.


Le Premier Concerto pour piano (1933) procure autant de plaisir. D’une impeccable netteté, l’interprétation observe très justement les implacables contrastes entre les moments extérieurs, voire ludiques, et ceux plus denses et dramatiques. Daniil Trifonov (né en 1991), qui se joue des difficultés, fait montre d’une virtuosité particulièrement accomplie et ne s’autorise aucune erreur de jugement, tandis qu’a la trompette, Timur Martynov, de douze ans son aîné et membre de l’orchestre depuis six ans, coupe le souffle grâce à sa diabolique précision. Légères et incisives, les cordes s’illustrent de nouveau brillamment. Malgré la pièce de résistance qui attend l’orchestre en seconde partie, les musiciens reprennent en bis le jubilatoire Allegro con brio final dans son entièreté – c’est encore meilleur la seconde fois.


Après le plaisir, l’émotion. Un engagement collectif rarement perceptible à ce point parcourt toute la Quatrième Symphonie (1935-1936). Toujours muni d’une baguette guère plus longue qu’un cure-dents, Valery Gergiev restitue toute la portée de cette musique et obtient de ses troupes parfaitement rodées une cohésion, une tension et un achèvement instrumental absolument remarquables. Juste sur la forme, pertinente sur le fond, l’exécution se signale, entre autres qualités, par une maîtrise phénoménale de la dynamique – le premier mouvement et le Finale réservent ainsi des passages d’une puissance extrêmement impressionnante. A la fin de cette épopée d’une heure dans laquelle, comme dans Mahler, le tragique côtoie le trivial, le célesta, dialoguant avec la trompette, égrène ses notes, telle une litanie désespérée, dans une atmosphère suffocante d’émotion. Quarante secondes, qui en paraissent dix fois plus, s’écoulent avant qu’un public ébranlé n’entame les applaudissements.


Valery Gergiev court le monde sans relâche, enregistre à un rythme industriel et multiplie les projets de toute sorte, au point de susciter parfois quelques interrogations sur la profondeur et la maturation de son engagement artistique, mais, en tout cas, il a pleinement honoré son rendez-vous parisien.


Le site de Daniil Trifonov
Le site du Théâtre Mariinski


Un extrait du concert sur Cité de la musique Live:






Sébastien Foucart

 

 

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