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Enlisement

Liège
Opéra royal de Wallonie
11/17/2013 -  et 19, 21, 23, 26 novembre 2013
Charles Gounod: Roméo et Juliette
Annick Massis (Juliette), Aquiles Machado (Roméo), Marie-Laure Coenjaerts (Stephano/Benvolio), Patrick Bolleire (Frère Laurent), Xavier Rouillon (Tybalt), Pierre Doyen (Mercutio), Laurent Kubla (Le Comte Capulet), Christine Solhosse (Gertrude), Roger Joakim (Gregorio), Patrick Delcour (Le Duc de Vérone), Benoît Delvaux (Le Comte Pâris)
Chœurs de l’Opéra royal de Wallonie, Marcel Seminara (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Patrick Davin (direction)
Arnaud Bernard (mise en scène), Bruno Schwengl (décor, costumes), Patrick Méeüs (lumières)


(© J. Croisier)


L’Opéra royal de Wallonie continue de ménager son public. Arnaud Bernard raconte l’histoire de Roméo et Juliette (1867) sans audace ni faute de goût : les chanteurs certes se battent (sans pitié) et s’enlacent (tendrement) mais la direction d’acteurs n’évite pas les stéréotypes : trop prévisible, l’action manque de relief, de ressort et d’émotion. Moins monumental que celui d’Attila et moins recherché que celui de L’Enlèvement au sérail, le décor accuse une navrante pauvreté et, s’il ne dessert pas l’histoire, il ne la sert pas vraiment non plus – pourquoi ne pas avoir peint, ou du moins orné, cette muraille blanche et lisse ? En mars, la Monnaie a programmé cette œuvre en version de concert (voir ici) : à la rigueur, cela vaut mieux qu’une scénographie passéiste et poussiéreuse.


Violetta acclamée sous le chapiteau l’année passée , Annick Massis bénéficie de la bienveillance d’une partie du public, de toute façon acquis à sa cause, mais, avec tout le respect qu’il convient de porter à la chanteuse, elle n’a plus tout à fait l’âge de Juliette. La soprano compose par conséquent une adolescente artificiellement juvénile qu’elle incarne malgré tout avec plus de gravité ensuite. La tessiture, étendue, et la voix, opulente, sont celles d’une belcantiste entraînée, aux ressources encore considérables et qui veille au phrasé, à l’intonation et aux nuances. Elle forme avec Aquiles Machado un couple trop sagement amoureux et – faut-il le préciser ? – mal apparié. Mettant en valeur un timbre rayonnant, le ténor vénézuélien joue son personnage plus uniformément et superficiellement que sa partenaire mais il fait preuve de bonne volonté, malgré quelques insuffisances : français évidemment exotique, ligne imparfaitement modelée, émission maladroitement contrôlée. Y a-t-il pénurie de ténors francophones ?


Le reste de la distribution chante convenablement : signalons le Frère Laurent peu charismatique mais assez noble et profond de Patrick Bolleire, le Tybalt adéquatement composé de Xavier Rouillon, le Stephano honorable, mais trop féminin, de Marie-Laure Coenjaerts et la Gertrude de Christine Solhosse. Le Comte Capulet de Laurent Kubla ne démérite pas mais il paraît trop jeune pour incarner le patriarche : comment dès lors rendre crédible le père de Juliette ? Valeur sûre dans ce répertoire, privilégiant trop souvent la force au détriment de la finesse, Patrick Davin galvanise un orchestre dans l’ensemble précis, malgré l’un ou autre décalage, et qui restitue sans vulgarité ni tapage le souffle et la densité de cette musique. Préparés par Marcel Seminara, les chœurs livrent quant à eux une bonne prestation.


Un Attila esquissé, un Enlèvement au sérail inabouti, un Roméo et Juliette moyen : la saison ne décolle pas à Liège. Fraîchement restauré mais dépourvu d’une vision artistique tranchante et personnelle, l’Opéra royal de Wallonie s’enlise déjà dans la routine.



Sébastien Foucart

 

 

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