About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Un Gaveau à Gaveau

Paris
Salle Gaveau
11/05/2013 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Sonate n° 8 en la mineur, K. 310
Johannes Brahms : Klavierstücke, opus 76
Domenico Scarlatti : Sonates K. 215, K. 146, K. 373, K. 513, K. 149, K. 33, K. 9, K. 145, K. 394, K. 159, K. 37 et K. 420

Irakly Avaliani (piano)


I. Avaliani (© D. R.)


Un rutilant Gaveau, où brille sur sa ceinture le prestigieux monogramme de la marque, trône sur la scène. On s’attend à voir arriver Cziffra ou l’un des prestigieux pianistes qui avaient adopté la marque. Nous ne rêvons pas! Cette apparition est l’aboutissement d’un projet de l’association Simplicissimus qui, sous la houlette dynamique de son directeur artistique, Thibault Lam Quang et avec l’aide de la ville de Fontenay-sous-Bois, vient de redonner vie à ce modèle 5 n° 83288 de 1927. Reconstruit par le maître Stephen Paulello, ce magnifique instrument sera le témoin de ce patrimoine instrumental français qui rayonnait à la fin du XIXe siècle et jusqu’à la fin des années 1960.


Pour marquer l’événement, la salle Gaveau proposait deux concerts, celui de Laurent Cabasso dans un programme Bach, Schubert, Ravel, Schumann, le lundi 4 novembre, et le récital d’Irakly Avaliani.


Disons le d’emblée, la Sonate en la mineur de Mozart, œuvre pourtant si prenante et douloureuse, nous est apparue très sèche sous les doigts du pianiste géorgien. Tempo métronomique imperturbable quelles que soient les inflexions musicales, digitalité extrême (pas toujours irréprochable...), phrasé parcimonieux. L’Andante, joué dans un tempo très lent s’éclairait cependant de belles lumières mises en valeur par le timbre cristallin du merveilleux instrument.


L’Opus 76 de Brahms offrait un curieux mélange de maniérisme et de rusticité. Si les pièces lentes et introspectives confinaient au lunaire désincarné, les pages tendues et tourmentées se voyaient assénées de saturations brutales dans une logique du discours musical qui semble n’appartenir qu’à l’interprète. Malgré tout, Irakly Avaliani semblait goûter et chercher les extraordinaires qualités sonores de son instrument notamment dans de très beaux pianissimi et de remarquables moments d’abandon. Mais la pâte brahmsienne, que l’on obtient avec le poids du bras et l’utilisation des rotations, qui ne semblent pas être dans les outils du pianiste, faisait cependant défaut.


On peut rendre un chaleureux hommage à Irakly Avaliani d’avoir consacré intégralement la seconde partie de son récital à douze Sonates de Scarlatti et d’en avoir choisi bon nombre qui ne sont pas rabâchées. Magnifique K. 215, profonde, rayonnante, dans un tempo très large, comme une confession. Prise trop rapidement, bousculée et non tenue rythmiquement, la K. 146 ne révéla pas son charme primesautier. Le Presto fugato de la K. 373 dans un tempo filant précédait une superbe K. 513, souple, nostalgique et éloquente. Belle K. 149, claire et vivante, où la mécanique du Gaveau excellait dans les imitations de guitare. K. 33 un peu violente et imprécise, K. 9 remarquable, si joliment déclamée, suivie de la redoutable K. 145. Superbe K. 394, ample et expressive. Inévitable «Caccia» K. 149, très risquée à laquelle succédait une très belle K. 37 impressionnante d’équilibre. Le récital se terminait par la flamboyante K. 420 qui électrisa le public enthousiaste. Très avare d’ornementation, Irakly Avaliani sut cependant éviter une certaine monotonie dans les reprises de ces Sonates dont chaque partie se répète deux fois en variant tempo et intensité comme autant de points de vue différents sur un même paysage. Pour autant, un certain manque de naturel ne rendait pas totalement l’extraordinaire élan vital et dansant de ces œuvres de nature rhapsodique.


En bis, le pianiste nous offrait une des plus belles Barcarolle de Chopin qu’il nous ait été donné d’entendre. Comme métamorphosé, sans doute plus détendu, Irakly Avaliani rendit à cette œuvre tout son charme et sa profonde beauté par l’ampleur de son discours, la respiration, les sonorités pleines et riches, sans tension, porté évidemment par ce si beau piano, ravi d’être traité de la sorte. Un transcription personnelle du Liebesleid de Kreisler déchaîna la salle.



Christian Lorandin

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com