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Le retour d’Adam Laloum en Avignon

Avignon
Opéra
10/30/2013 -  
Franz Schubert: Moments musicaux, opus 94, D. 780
César Franck: Prélude, Choral et Fugue
Robert Schumann: Sonate n° 1 en fa dièse mineur, opus 11

Adam Laloum (piano)


A. Laloum (© Carole Bellaiche/Mirare)


Après être venu in loco la saison dernière interpréter le Premier Concerto de Brahms, le jeune et talentueux Adam Laloum revient à l’Opéra du Grand Avignon, pour un récital solo consacré à Schubert et Schumann, lors d’une soirée organisée par le Rotary Club au profit de l’Opération Orange, œuvre conjointe de sœur Emmanuelle et de sœur Sara.


Agé de seulement 26 ans, le pianiste toulousain connaît une trajectoire fulgurante depuis qu’il a remporté en 2009 le concours Clara Haskil et se produit désormais dans les salles (Wigmore Hall, Bozar, Pleyel) et les festivals (Lucerne, La Roque d’Anthéron, Verbier, Piano aux Jacobins) les plus prestigieux. Il est aussi sous les feux de la rampe en ce moment grâce au succès critique de son deuxième album, paru il y a peu chez Mirare, et consacré à Schumann – le premier l’avait été à Brahms –, avec notamment sa Première Sonate, que Laloum a mise à son programme ce soir.


Mais avant Schumann, place à Schubert, avec les Moments musicaux. Après avoir fixé ses beaux yeux candides et mélancoliques sur le public, Laloum se met à son piano, s’arc-boute au-dessus du clavier, demeure quelques secondes immobile, puis nous livre – visiblement inspiré par ces pages – une interprétation d’une rare concentration, tout simplement bouleversante. C’est merveille que d’écouter la résonance des accords, posés comme sur du velours, de suivre les traits – et quel arrachement à chaque fin de phrase! Les superlatifs nous manquent pour décrire l’infinie poésie de l’interprétation de ces Moments, dont il est injuste que la postérité ait privilégié le Troisième, alors qu’il y a tant de musique, et plus belle encore, dans les cinq autres.


Laloum s’attaque ensuite au superbe triptyque Prélude, Choral et Fugue (1884) de César Franck, dans lequel il doit affronter la redoutable comparaison avec les plus grands, depuis Cortot jusqu’à Bolet, en passant par Rubinstein et Ciccolini. Mais le pianiste n’a pas à craindre ses devanciers, car il nous offre ce soir une interprétation parfaitement aboutie de ce triptyque, dont l’admirable Choral est le cœur poétique. Et c’est bien dans toute sa pureté qu’il nous restitue le rayonnement de cette œuvre sublime, sans le moindre effet extérieur, preuve qu’il est un musicien d’exception.


Après la pause, il revient, sous les acclamations d’un public visiblement déjà conquis, pour interpréter la Première Sonate de Schumann qui, dans son déroulement, exprime la passion bouillonnante du jeune musicien, inspiré au plus haut degré par la toute jeune Clara Wieck, qui créera l’œuvre en août 1837, lors d’un récital donné à Leipzig, quelques jours à peine après leurs fiançailles secrètes. Confirmant ses affinités avec la musique romantique, Laloum fait montre de toutes les qualités qui font les grands schumaniens, la délicatesse et la subtilité de son toucher faisant merveille dans cette musique à fleur de peau et tourmentée. Il donne de cette sonate une lecture bouleversante et limpide, tendue tel un arc, avec un piano qui semble respirer au rythme de la pensée, de l’âme et du cœur de l’interprète.


Bravo, mille fois bravo.



Emmanuel Andrieu

 

 

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