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Quand le National se surpasse !

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
10/24/2013 -  
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Symphonies n° 2 en ut mineur, opus 17, «Petite Russie», et n° 3 en ré majeur, opus 29, «Polonaise»

Orchestre national de France, Daniele Gatti (direction)


D. Gatti (© Pablo Faccinetto)


Bien qu’honorablement rempli, il reste tout de même de nombreuses places libres ce soir au Théâtre des Champs-Elysées. Le public aurait-il eu peur de découvrir des symphonies très peu jouées, fussent-elles composées par un musicien aussi célèbre et aussi populaire que Tchaïkovski? Quelles que soient les raisons, les absents auront eu plus que jamais tort puisque ce concert fut véritablement exceptionnel, transformant avec maestria l’essai marqué sept jours plus tôt lorsque Daniele Gatti et l’Orchestre national de France avaient donné la Première Symphonie.


Dans un ordre chronologique parfait, la Deuxième Symphonie (composée en 1872 mais fortement révisée par Tchaïkovski en 1879-1880 alors qu’il avait terminé les Troisième et Quatrième), surnommée «Petite Russie» par le biographe et ami du compositeur, Nicolaï Kachkine, était donc au programme de la première partie du concert. Dès l’entrée solennelle du cor, tenu à la perfection ce soir par Vincent Léonard, l’orchestre est indéniablement d’attaque; Gatti empoigne l’Allegro vivo du premier mouvement avec une énergie communicative, les musiciens répondant en un clin d’œil à la moindre de ses inflexions, à l’image des cordes et du basson solo tenu par Frédéric Durand. Alors que l’on a parfois pu reprocher au chef italien un certain alanguissement, c’est de nouveau avec une parfaite exactitude métronomique qu’il lance ensuite l’orchestre dans un deuxième mouvement très justement marqué Andantino marziale, quasi moderato, dirigeant avec peut-être même un peu trop d’empressement le mouvement suivant. Dans le mouvement conclusif, la noblesse de l’emphase introductive laisse rapidement place à un jeu de course-poursuite infernal, sur le thème de la chanson folklorique ukrainienne Juravel («La Grue»), où brille notamment François Desforges aux timbales.


La Troisième Symphonie (1875) interprétée en seconde partie est une œuvre très fortement marquée par la danse non seulement parce que le cinquième mouvement adopte le rythme d’une polonaise (la partition indiquant précisément Allegro con fuoco (Tempo di Polacca), danse que Tchaïkovski réutilisa d’ailleurs au début du troisième acte d’Eugène Onéguine, mais parce que cette symphonie fut composée à l’époque où il reçut la commande du Lac des cygnes. Même si les cordes adoptèrent peut-être un legato un peu trop marqué dans l’Allegro brillante du premier mouvement, on reste ébahi devant une telle démonstration orchestrale. Démonstration également de la part de Gatti qui jamais n’omet un départ, qui toujours veille aux équilibres au sein de l’orchestre (réfrénant de la main gauche les cuivres lorsqu’ils ont tendance à jouer un peu fort...), et qui fait montre d’un engagement quasi physique tout à fait admirable. Là encore, comment ne pas saluer le respect de la partition dans le deuxième mouvement, où la mélodie doit être jouée Allegro moderato e simplice et qui évite donc toute sucrerie excessive. On aurait peut-être pu souhaiter flûte solo un peu plus rêveuse mais le jeu des flûtes et le contrechant des altos nous fit rapidement oublier ce léger manque tant l’atmosphère des grands ballets (Casse-Noisette ou La Belle au bois dormant) nous fit chavirer. Après un troisième mouvement aux accents presque mahlériens, le quatrième (Scherzo: allegro vivo) s’affirma comme le sommet de la symphonie, la mélodie passant d’un pupitre à l’autre avec une fluidité dévastatrice, coulant telle une eau en train de ruisseler sur l’ensemble du Théâtre, permettant à Vincent Léonard et Jonathan Reith au trombone solo de briller de nouveau.


Les derniers accents du cinquième mouvement furent salués par des applaudissements chaleureux du public, mais aussi de l’orchestre tout entier à l’adresse de son chef. Indéniablement, il s’est passé quelque chose ce soir au Théâtre des Champs-Elysées: une confiance mutuelle sur scène entre le chef et son orchestre? Un véritable plaisir de faire de la musique ensemble (que de coups d’œil complices entre les musiciens lors du concert)? Toujours est-il que les plus dubitatifs ne pourront que se précipiter aux prochains concerts du National, notamment pour suivre la suite de ce cycle qui, décidément, est une magnifique surprise.


Ecouter le concert sur le site de France Musique



Sébastien Gauthier

 

 

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