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Musique d’Europe centrale et orientale

Geneva
Victoria Hall
10/16/2013 -  et 17 (Lausanne), 18 (Genève) octobre 2013
Franz Liszt: Erster Mephisto-Walzer
Alexandre Scriabine: Concerto pour piano, opus 20
Erich Wolfgang Korngold: Straussiana
Richard Strauss: Der Rosenkavalier, opus 59: Suite

Daniil Trifonov (piano)
Orchestre de la Suisse Romande, Kazuki Yamada (direction)


D. Trifonov (© Dario Acosta)


Si c’est la première fois que le jeune pianiste Russe Daniil Trifonov se produit à Genève avec l’OSR, il a déjà fait parler de lui en Suisse, que ce soit à travers les très nombreux prix qu’il a remportés et également par sa présence dans des festivals comme ceux de Verbier, de Montreux ou de celui, plus proche de nous, à Bellerive. Peu le savent mais ce dernier petit village se trouve à quelques kilomètres de celui de Vezenaz, où résida en 1904 certain compositeur russe, Alexandre Scriabine lui-même.


Le choix de son Concerto pour piano est un ambitieux et assez inattendu pour un pianiste à qui tous les organisateurs de concerts doivent demander de jouer celui de Tchaïkovski et ceux de Rachmaninov. Même si cette pièce est inégale – le premier mouvement en particulier souffre d’un manque de développement –, l’art du miniaturiste du compositeur et certaines de ses audaces harmoniques commencent déjà à poindre. La poésie qui se dégage de l’Andante est très réelle et le phrasé du jeune pianiste fait merveille. L’Allegro moderato final lui permet de montrer l’étendue d’une technique toute russe : rondeur des basses, fluidité du discours et surtout une palette de nuances pleine de finesse et de variété. Mais tous ses moyens techniques sont bien là pour servir l’œuvre afin d’en dégager les différentes émotions et de respecter la musique. Partenaire à part entière, l’orchestre l’accompagne avec grand soin. Les échanges avec le clarinettiste solo Dmitry Rasul-Kareyev dans l’Andante sont particulièrement réussis. Kazuki Yamada fait très attention à maîtriser les nombreux débordements orchestraux pour maintenir l’équilibre avec son soliste. Très applaudi, Trifonov donne en bis Alborada del gracioso de Ravel. S’il ne peut s’empêcher d’accélérer les pages finales, sa lecture est à la fois brillante, limpide et fascinante, nous permettant de continuer à découvrir les multiples facettes du talent de ce remarquable artiste dont on espère le retour prochain à Genève.


C’est justement ce certain diabolisme présent dans ce bis qui faisait défaut à la Méphisto-Valse de Liszt en ouverture de ce concert. Mais ne faut-il pas avant tout y voir le fait que la version orchestrale de cette pièce est plus classique et modérée que les nombreux souvenirs de pianistes virtuoses ont dû laisser dans les oreilles des mélomanes?


L’OSR reste en seconde partie dans l’univers musical austro-hongrois avec deux œuvres du XXe siècle qui jettent toutes deux un regard nostalgique sur un passé disparu. La Straussiana de Korngold est une gentille et modeste pochade d’un compositeur autrichien exilé à Hollywood. La surprise vient cependant de la finesse d’exécution et surtout de la capacité des musiciens de se retrouver à leur aise dans ce rythme de valse viennoise. La sonorité des cordes de l’OSR ne peut certes pas rivaliser avec celle d’un Orchestre philharmonique de Vienne et certains tutti souffrent d’un déséquilibre qui fait une part trop belle aux cuivres.


Mais c’est un réel plaisir que d’entendre une suite de valse du Chevalier à la Rose si idiomatique. Ce que les Suisses ne peuvent trouver en splendeur sonore, ils le retrouvent par une animation et un sens dramatique très marqué. Kazuki Yamada dont on avait pu être un peu déçu par une lecture trop lisse de la Symphonie «Héroïque» la saison passée fait ici preuve d’un grand talent et ce dans un répertoire où on ne l’attendait pas. Sa baguette se révèle précise, son rubato très naturel. La caractérisation des différents passages de l’œuvre est tout à fait approfondie et sa mise en place irréprochable. Voici peut-être sa meilleure prestation à ce jour avec cet orchestre.


Le site de Daniil Trifonov



Antoine Leboyer

 

 

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