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Belle authenticité

Toulouse
Cloître des Jacobins
09/10/2013 -  
Franz Schubert : Moment musical en la bémol majeur, D. 780 (opus 94) n° 2 – Impromptu en la bémol mineur, D. 899 (opus 90) n° 4 – Wanderer-Fantasie, D. 760
Modest Moussorgski : Tableaux d’une exposition

Nino Gvetadze (piano)


(© Sussie Ahlburg)


Drapée d’élégance délicate, la jeune et belle Géorgienne Nino Gvetadze confirme pour son retour aux Jacobins, deux ans après sa première apparition au festival toulousain, une authentique intelligence musicale qui se révèle dans un programme d’une admirable cohérence. Tout commence par les manières feutrées avec lesquelles elle aborde Schubert et son Moment musical en la bémol , qui résonne certes un peu engourdi; la sensibilité du toucher reflète d’ailleurs une relative prudence. Nulle extraversion non plus dans un Quatrième Impromptu mesuré et intérieur, doucement ciselé, où l’on sent cependant les doigts de la pianiste sortir de leur chrysalide. C’est ainsi que la Wanderer Fantaisie exprime pleinement une admirable conscience de l’architecture de la partition, et fait chatoyer un remarquable sens du timbre et de la couleur. Le génie schubertien oscille alors entre élans aux rythmes décidés et mouvements introspectifs que les fins doigts de la soliste caucasienne savent habiter subtilement. La respiration de l’Adagio contraste avec un Allegro con fuoco ma non troppo énergique, mais d’où point une mélancolie qui ne nous quittera pas jusqu’au Presto conclusif, ramassant en un élan final toute la matière harmonique d’une partition foisonnante. L’on assiste à une belle démonstration de maturité qui sait trouver un équilibre entre virtuosité digitale et réserve de l’expression, à mille lieux d’un piano forcené.


Cette modération au visage d’ange nous vaut des Tableaux d’une exposition particulièrement bien construits. Les épisodes, finement et efficacement caractérisés, se succèdent avec une belle fluidité narrative, tandis que se tissent en filigrane les variations du thème de la «Promenade» jusqu’à l’entrée triomphale par «La Grande Porte de Kiev». Le canevas s’élabore au fur et à mesure, sans heurt, piquant le leitmotiv sous la picturalité musicale. Le «Gnomus» boudeur fait place à une évocation rêveuse d’«Il vecchio castello», aux accents de mystère que l’on retrouve plus loin, dans les «Catacombæ» et le «Cum mortuis in lingua morta». L’ironie ne manque pas cependant. La ductilité du «Ballet des poussins dans leurs coques» se révèle aussi savoureuse que la charge caricaturale de «Samuel Goldenberg et Schmuyle», le frémissement «Limoges. Le Marché» ou l’inimitable «Cabane sur des pattes de poule» – avant l’apothéose, immédiatement enchaînée. Ce sens des affinités se vérifie dans le bis, «La Cathédrale engloutie» de Debussy, dont on reconnaît la parenté avec le motif de la «Promenade». Quelques mesures d’une valse de Chopin et puis cette sylphide du clavier se retire, non sans avoir impressionné notre mémoire.


Le site de Nino Gvetadze



Gilles Charlassier

 

 

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