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Déferlantes finlandaises

Paris
Salle Pleyel
09/17/2013 -  
Ludwig van Beethoven : Egmont, opus 84: Ouverture – Symphonie n° 5 en ut mineur, opus 67
Richard Strauss : Vier letzte Lieder

Karita Mattila (soprano)
WDR Sinfonieorchester Köln, Jukka-Pekka Saraste (direction)


J.-P. Saraste (© WDR/Thomas Kost)


Etrange de ne pas voir la Salle Pleyel totalement comble pour un programme aussi classique avec une affiche aussi prestigieuse. Il faut dire que, et ce sera malheureusement un cruel dilemme tout au long de la saison à venir: la salle de la rue du Faubourg Saint-Honoré n’était pas la seule ce soir à avoir une affiche aussi attirante, la pluie, au surplus, ayant peut-être incité le public à rester chez lui.


Bien que l’Orchestre symphonique de la Radio de Cologne ne soit pas la plus médiatique des phalanges allemandes, c’est un excellent orchestre qui a notamment bénéficié du concours de Semyon Bychkov, son Chefdirigent de 1997 à 2010, Jukka-Pekka Saraste occupant ces fonctions depuis 2010. Et c’est d’ailleurs la première impression que l’on a à la fin de ce concert. Contrairement à d’autres orchestres, ce ne sont pas les individualités qui frappent (même si la prestation du Konzertmeister José Maria Blumenschein fut excellente dans le troisième lied de Strauss, «Beim schlafengehen»), mais bien davantage l’ensemble, servi notamment par d’excellents pupitres de cordes, à commencer par les six contrebasses.


Et pourtant, Saraste ne semble pas pleinement profiter de l’outil qu’il a en face de lui. Dès l’ouverture d’Egmont (1810) de Beethoven, la tension qui innerve l’œuvre fait défaut; l’orchestre séduit par ses couleurs et, même si certaines attaques des violons manquent parfois quelque peu de netteté, celui-ci emporte la mise mais il n’en demeure pas moins que l’on aurait préféré davantage de rage dans l’exposition du thème, ou de brillance dans le final. La faute sans doute au chef finlandais, qui soigne le trait avec une finesse indéniable mais peine parfois à avancer; la faute peut-être plus précisément à sa direction, aérienne (assez semblable à ce titre à celle de son compatriote Esa-Pekka Salonen), physiquement très en hauteur mais où la pulsation et les temps forts sont relativement difficiles à distinguer pour un néophyte. Ces caractéristiques se retrouvent également dans la Cinquième Symphonie (1808), où Saraste privilégie davantage les séquences d’un mouvement que ses grandes lignes. Si, là encore, un surcroît de dynamisme aurait été souhaitable (notamment dans le Finale), chacun aura pu admirer la beauté du mouvement lent, servi notamment par des altos et des violoncelles au legato ensorcelant. Saraste permit à son orchestre de briller une dernière fois dans son ensemble en donnant en bis une magnifique ouverture de Béatrice et Bénédicte de Berlioz, tout en finesse et fluidité.


Si une grande partie du public était présente, c’était néanmoins peut-être pour écouter avant tout les fameux Quatre derniers lieder (1948) de Richard Strauss, testament musical d’une confondante beauté. Pour le servir, la soprano finlandaise Karita Mattila qui les a enregistrés sous la direction de Claudio Abbado et qui les a chantés sous la direction de Jirí Belohlávek en avril 2009 au Théâtre des Champs-Elysées. La compréhension entre le chef et la soprano est totale comme on avait déjà pu le constater lors d’un précédent concert, Saraste se montrant extrêmement attentif à sa partenaire et tirant de superbes sonorités de la part de l’orchestre. En revanche, quelle déception que cette prestation de Karita Mattila! Chantant d’une voix blanche le premier lied («Frühling») et d’une voix éraillée le deuxième («September»), elle tente à chaque instant de masquer ses difficultés techniques par une théâtralité souvent hors de propos, appuyant certains mots sans que cela soit nécessaire (la première fois qu’elle prononce «Nacht» dans «Beim schlafengehen»), souhaitant, sans que cela soit d’ailleurs toujours très convaincant, donner de la chair à un chant – on est là davantage chez Schwarzkopf voire Fleming que chez Janowitz – qui demande également hauteur et recueillement. Mais on n’en aura point, sauf peut-être en cette fin de quatrième lied («Im Abendrot») dont le silence fut malheureusement abruptement coupé par le «Bravo!» précipité d’un spectateur. C’est avec la même théâtralité que la chanteuse salua le public, l’orchestre, embrassa le chef et reçut son bouquet de fleurs; bien que la ferveur ait été présente, le rendez-vous était néanmoins indéniablement manqué.


Le site de Jukka-Pekka Saraste
Le site de l’Orchestre symphonique de la Radio de Cologne



Sébastien Gauthier

 

 

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