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Le défi relevé

Bucharest
Grande Salle du Palais
09/07/2013 -  
Arnold Schönberg : Gurrelieder
Violeta Urmana (Tove), Nikolai Schukoff (Waldemar), John Daszak (Klaus-Narr), Janina Baechle (Waldtaube), Thomas Johannes Mayer (Bauer, Sprecher), Victor Rebengiuc (Sprecher)
Corul si Orchestra Filarmonicii «George Enescu», Leo Hussain (direction)


L. Hussain (© Marco Borggreve)


Première roumaine des Gurrelieder, cet Himalaya du post-wagnérisme : un événement, pas seulement pour le festival Enesco. Un anniversaire aussi : Franz Schreker les a créés en 1913. Mais Bertrand de Billy fait défection trois jours avant le concert. Déjà remarqué à Favart dans Les Pêcheurs de perles, Leo Hussain, qui dirigeait deux jours avant un programme de musique contemporaine, rêvait depuis longtemps de la gigantesque partition de Schönberg : il relève le défi. A peine quelques menus décalages ici ou là, un début laborieux et sans mystère : très vite, le jeune chef montre une stupéfiante maîtrise, imprime à l’œuvre un irrésistible élan, en préserve l’unité, aère les agrégats les plus complexes. L’orchestre suit, pourtant soumis à rude épreuve, le chœur aussi quand il le faut.


Si bien que le point faible de la soirée reste le Waldemar de Nikolai Schukoff, victime de ses éternelles lacunes techniques, en particulier de cette émission engorgée qui le pousse à chanter en force pour tenter de passer au dessus de l’énorme masse instrumentale, avec d’impossibles aigus, dépassé par les malédictions du héros. Violeta Urmana, en revanche, fait un peu oublier ses Verdi ratés : même si la voix reste ingrate, surtout le haut de la tessiture, Tove lui convient beaucoup mieux, elle peut même être émouvante. Mais elle doit s’incliner devant Janina Baechle, qui nous offre un magnifique Lied der Waldtaube : le timbre a de la chair, des couleurs chaudes et profondes, les registres restent soudés ; la mezzo allemande phrase en styliste et en Liedersängerin. Dans la troisième partie, Thomas Johannes Mayer s’impose aussitôt en Paysan fou, avant de délivrer plus tard leçon d’authentique Sprechgesang là où beaucoup de récitants se contentent d’une trop simple déclamation – les surtitres rendaient inutile la répétition a cappella du texte en roumain, fût-ce par un acteur tel que Victor Rebengiuc. Parfait John Daszak en Bouffon Klaus, le ténor de caractère qu’exige le double caricatural de Waldemar. Une providence, malgré le ténor, veillait sur ces premiers Gurrelieder roumains.



Didier van Moere

 

 

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