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Nouveaux horizons

Oviedo
Auditorium Principe Felipe
08/23/2013 -  
José María Sánchez-Verdú : Nosferatu

Capilla polifónica Ciudad de Oviedo, Oviedo Filarmonía, Nacho de Paz (direction)


N. de Paz (© Pablo Albacete)


ConcertoNet avait beaucoup apprécié le disque consacré par l’éditeur Kairos (2008) au compositeur espagnol, né en 1968, José María Sánchez-Verdú (voir ici). Il n’allait donc pas manquer à l’Auditorium Principe Felipe d’Oviedo son Nosferatu, en accompagnement de la projection du célèbre film éponyme (1922) de Friedrich Wilhelm Murnau dans sa remarquable version restaurée par le Madrilène Luciano Berriatua, seconde occasion d’utiliser la fosse d’orchestre de l’auditorium après la projection d’Alexandre Nevski d’Eisenstein, il y a quelques mois.


On ne pouvait que regretter que le maigre programme se contente de présenter le chef d’orchestre, Nacho de Paz, né à Oviedo en 1974, le chœur de voix de femmes de la Chapelle polyphonique de la ville d’Oviedo et l’Orchestre philharmonique d’Oviedo, créé en 1999 autour d’un noyau formé de membres des Virtuoses de Moscou. Rien sur le compositeur et l’œuvre musicale. Le nom du compositeur n’était même indiqué qu’en petits caractères, son prénom étant tout simplement omis. Certes le rôle du chef dans la représentation fut tout à fait essentiel: il fallait une forte volonté pour imposer à Oviedo – paraît-il in extremis – une œuvre contemporaine audacieuse et particulièrement complexe à monter, en raison des effectifs requis (intégrant notamment un accordéon et mini-chœur partiellement sonorisé) et du tempo imposé non par le chef mais par le film, très structuré, en actes notamment, et sa direction ne manqua pas d’un engagement et d’une attention sans faille, entouré d’un Ipad, pour le métronome, d’un compte temps, d’une partition et d’un petit écran faisant défiler le film. Certes la modernité du chef-d’œuvre expressionniste de Murnau éclatait une nouvelle fois comme une évidence et captait légitimement tous les regards. Mais en l’espèce, il fallait surtout découvrir la partition, rappelant à certains égards le Ahmar-aswad du compositeur.


Il ne s’agissait pas pour Sánchez-Verdú de coller au film au point d’illustrer systématiquement l’image mais bien plutôt de créer une atmosphère angoissante autour de la symphonie de l’horreur comme Murnau a sous-titré son film, tout en gardant le principe de repères: grosse caisse lorsque Hutter, en partance pour les Carpates et la négociation immobilière du siècle avec le comte Orloff, tape du poing sur la table dans l’auberge, trompettes lorsqu’il se réveille à la lumière du soleil, crécelle à la sortie des rats, moulin à vent lorsque la caméra filme la lande ou le navire de la mort s’approchant de la ville, pages un peu folles quand l’agent immobilier, mi-gnome, mi-satyre, Knock, s’excite dans sa cellule à l’arrivée du maître Nosferatu, caisse claire pour annoncer la déclamation de l’édit municipal imposant des mesures de lutte contre la peste. La partition, très riche de couleurs, jouant sur les échos, est en effet dotée d’une formidable unité, sans être jamais ennuyeuse ou répétitive. Sa fluidité était au service du film sans être bêtement illustrative. Sa tension, son dramatisme, très théâtral, l’accompagnaient même parfaitement, le passage le plus impressionnant se situant à l’arrivée de Nosferatu à Visborg.


Il était ainsi heureux que le chef, qui, d’après la presse du jour, avait déjà monté l’œuvre avec le Real Filharmonia de Galice à Saint-Jacques de Compostelle, fasse saluer le compositeur par le public, très varié et justement attiré par un spectacle d’exception ouvrant indéniablement de nouveaux horizons à la vie musicale de la capitale des Asturies. On ne peut que souhaiter le montage de l’œuvre à Paris, voire une autonomisation en concert strict de la partition de Sánchez-Verdú afin de focaliser nos sens sur sa richesse instrumentale.


Le site de José María Sánchez-Verdú
Le site de Nacho de Paz
Le site de la Philharmonie d’Oviedo



Stéphane Guy

 

 

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