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Gstaad-les-eaux

Gstaad
Tente du festival
08/23/2013 -  
Bedrich Smetana: Vltava
Fazil Say: Water, opus 45
Benjamin Britten: Four Sea Interludes from Peter Grimes, opus 33a
Claude Debussy: La Mer

Fazil Say (piano)
Orchestre du Festival de Gstaad, Kristjan Järvi (direction)




Si le festival Menuhin de Gstaad, célèbre station alpine située dans l’Oberland bernois, est moins connu des mélomanes que ceux de Verbier ou Lucerne, il est pourtant à classer parmi les meilleures et plus anciennes manifestations du genre en Suisse. Placé sous la houlette de Christoph Müller depuis 2002, il n’a en effet pas grand-chose à leur envier, tant l’offre et la qualité artistiques y sont grandes – étalé sur sept semaines, il est par ailleurs bien plus long. En attendant le bâtiment futuriste commandé à l’architecte star Rudy Ricciotti, créateur du Mucem à Marseille, les principaux concerts ont lieu sous la tente du festival (d’une capacité de 2000 places!), tandis que plusieurs charmantes églises de la région sont mises à contribution pour les concerts plus «intimistes», telles celles des villages de Saanen ou Lauenen.


Après l’«Air» l’an passé, le fil conducteur de cette cinquante-septième édition est l’«Eau», avec un concert emblématique ce soir, puisque les quatre pièces du concert sont une ode à cet élément vital. Fondé il y a quatre ans, l’Orchestre du Festival de Gstaad (GFO), essentiellement composé d’instrumentistes de l’Orchestre de chambre de Bâle, dont Christoph Müller est directeur artistique, est dirigé ce soir par le talentueux chef estonien Kristjan Järvi (frère de Paavo), qui en est le chef principal depuis 2011.


Le concert débute avec un des «tubes» du répertoire, la fameuse Moldau de Bedrich Smetana, tirée de son cycle symphonique Má Vlast (Ma Patrie), interprétée avec un élan irrésistible, mais aussi avec une finesse relative, en particulier dans les premières mesures. Il se poursuit avec une œuvre composée tout spécialement pour la future tournée européenne du GFO par Fazil Say, un grand habitué des lieux. Créé quelques jours plus tôt au Festival de Mecklembourg-Poméranie occidentale, Water, pour piano et orchestre, s’articule en trois mouvements: «Eau bleue», «Eau noire» et «Eau verte». Très «jazzy» au début, la partition se fait très romantique ensuite, accordant de larges plages au piano solo – c’est bien évidemment le compositeur qui est venu défendre son dernier opus – tour à tour virtuose ou élégiaque. Comme souvent dans ses ouvrages, sont incorporés de nombreux instruments traditionnels (essentiellement des percussions) qu’il a lui-même emportés à Gstaad! Le principal et le plus troublant, appelé «vibratones», recrée de façon spectaculaire le bruit de l’eau qui s’écoule: utilisé en solo à la fin du troisième mouvement de manière decrescendo, il clôt quasi dans un murmure cette fort belle partition, accueillie avec force bravos. Le pianiste turc offre, en bis, une variation (très) personnelle et particulièrement virtuose du superbe «Summertime» de Gershwin.


En seconde partie de concert, c’est la mer qui est à l’honneur, avec pour commencer les bouleversants Quatre Interludes marins tirés de Peter Grimes de Britten. Dès les premiers accords, l’oreille est flattée par la belle sonorité de l’orchestre, par l’équilibre entre les pupitres et par les dynamiques. La battue narrative et précise de l’Estonien est un atout précieux pour cerner toutes les facettes de l’orchestration et du drame de cette musique. Grâce à leur beauté plastique, les cordent fascinent et forcent l’admiration dans «Moonlight», tandis que la tempête finale («Storm»), avec des pupitres surchauffés, emporte tout sur son passage.


Pour refermer le concert, comme une évidence, le GFO interprète La Mer, chef-d’œuvre accompli de la pleine maturité de Debussy (1905). Ces trois «esquisses symphoniques» restent un défi pour tout orchestre, tant l’alchimie sonore requise par cette partition relève d’une science secrètement élaborée. Et c’est avec tous les honneurs que la phalange suisse sert l’imaginaire sonore debussyste: «Jeux de vagues» se pare ainsi d’un éclat vif et d’une mobilité kaléidoscopique, finement rendue par l’ensemble des pupitres. Quant aux deux volets extrêmes – «De l’aube à midi sur la mer» et «Dialogue du vent et de la mer» –, ils sont joués avec beaucoup de sensualité, ainsi qu’avec une respiration ample dans les grands déploiements sonores, avant que le final, spectaculaire, n’enthousiasme l’auditoire.


En guise de conclusion, signalons aux mélomanes français qu’ils pourront découvrir ce superbe orchestre lors d’un concert qui sera donné à l’Auditorium de Lyon, le 3 octobre prochain, avec sensiblement le même programme, l’œuvre de Fazil Say laissant place au Concerto pour violoncelle d’Elgar, avec la fascinante Sol Gabetta en soliste.


Le site du festival Menuhin de Gstaad
Le site de Fazil Say
Le site de Kristjan Järvi



Emmanuel Andrieu

 

 

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