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Rienzi: une œuvre flamboyante d’idéal

Barcelona
Gran Teatre del Liceu
06/27/2013 -  et 30* juin 2013
Richard Wagner : Rienzi, der letzte der Tribunen
Kristian Benedikt (Rienzi), Elisabete Matos (Irene), Michelle Breedt (Adriano), Peter Rose (Steffano Colonna), Alex Sanmarti (Paolo Orsini), Friedemann Röhlig (Cardenal Orvieto), Josep Fado (Baroncelli), Werner Van Mechelen (Cecco del Vecchio)
Cor del Gran Teatre del Liceu, José Luis Basso (chef de chœur), Orquesta sinfónica de Barcelona i Nacional de Cataluna, Pablo González (direction)


A. Sanmarti, M. Breedt, E. Matos, K. Benedikt (© Antoni Bofill)


Même si le Capitole de Toulouse l’a proposé comme titre inaugural de sa saison, peu de théâtres se risquent aujourd’hui à afficher Rienzi. L’opéra est très long – même si on l’a écourté ce soir d’environ une heure, essentiellement les nombreux ballets et pantomimes – et les rôles sont difficiles à distribuer, alors que la tâche du metteur en scène n’a rien d’enviable. Mais Joan Matabosch a contourné ce dernier problème en offrant au public catalan une simple version de concert de l’ouvrage, en cette année du bicentenaire de la naissance du compositeur allemand.


De Rienzi, on dit généralement, après Hans von Bülow, qu’il s’agit du meilleur opéra de Meyerbeer. A notre goût, et à la condition expresse de trouver des interprètes adéquats, ce n’est pas, loin de là, une tare. Mais à l’aune de Bayreuth, il n’y a pas de place pour un succès de jeunesse encore trop lié aux habitudes d’un public ainsi qu’à quelques recettes à la mode romantique. Or, sans faire passer non plus pour un chef-d’œuvre absolu ce qui est surtout une œuvre sous influences, l’exécution de ce Rienzi nous a (dé)montré – c’était pour nous une première écoute – qu’il y avait là une bonne part du matériau philosophique et musical dont se servirait ensuite l’un des grands bâtisseurs de l’opéra.


Saluons d’emblée les deux triomphateurs de la soirée: l’Orchestre symphonique de Barcelone – encore mieux sonnant que celui, habituellement en fosse, du Gran Teatre del Liceu – qui, sous la direction très équilibrée du jeune chef espagnol Pablo González, a su conserver à ce véritable marathon musical une vie de tous les instants, et puis à l’excellent chœur du Gran Teatre del Liceu, constamment sollicité au cours des cinq actes, et sur lequel repose également la réussite d’une architecture fragile.


De ses interprètes, l’œuvre exige, ne serait-ce que par sa durée, un rare héroïsme. Elle suppose surtout un style de chant capable de nuances, et sachant conjuguer vaillance et noblesse. Aussi bien Rienzi qu’Adriano et Irene se doivent donc de respecter une certaine tradition de bienséance vocale. Malgré un déficit en termes de puissance vocale, le Heldentenor lituanien Kristian Benedikt – pour Torsten Kerl initialement annoncé – chante avec autorité la partie du tribun, délivrant avec un beau phrasé une prière «Allmächt’ger Vater» superbe d’intériorité et d’émotion. Avec la mezzo sud-africaine Michelle Breedt, dans le rôle travesti d’Adriano, c’est à une révélation que nous avons affaire, grâce à une intensité dramatique aussi impressionnante que son assurance vocale, lui permettant des aigus insolents à côté d’une tenue parfaite de la cantilène, notamment dans l’air captivant «In seiner Blüte». Quant à la soprano portugaise Elisabete Matos (Irene), si elle offre une des voix parmi les plus puissantes que nous ayons jamais entendues, c’est au détriment de la ligne de chant, sans compter quelques aigus stridents.


Pour être moins meurtriers, les autres rôles nécessitent des tempéraments d’une égale solidité, tels le vétéran (et magnifique) Peter Rose (Steffano Colonna), Alex Sanmarti (Paolo Orsini) ou Friedemann Röhlig (Cardenal Orvieto), dont nous avions déjà admirer le Fasolt dans L’Or du Rhin en avril dernier in loco. Ils sont parvenus, avec tous les autres chanteurs et musiciens d’orchestre, à effacer tout soupçon de pompiérisme dans cette œuvre flamboyante d’idéal.


Enfin, mentionnons que le tout proche et prestigieux festival de Peralada mettra à l’honneur, les 5 et 6 août prochain, un autre ouvrage de jeunesse de Wagner, encore plus rarement représenté, La Défense d’aimer.



Emmanuel Andrieu

 

 

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