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Le retour de Pollini

Madrid
Teatro Real
06/02/2013 -  
Frédéric Chopin: Prélude, op. 45 – Ballades n° 2, op. 38, et n° 3, op. 47 – 4 Mazurkas, op. 33 – Scherzo n° 3, op. 39
Claude Debussy: Préludes: Livre I

Maurizio Pollini (piano)


M. Pollini (© Javier del Real)


Maurizio Pollini a donné de très nombreux récitals à Madrid, où il a un public chaleureux qui attend toujours avec impatience son jeu, ses manières, ses nuances. Les cycles d’Ibermusica et de la Fondation Scherzo ont accueilli pendant des années les concerts madrilènes de cet artiste dont la maturité est devenue une réussite de l’art et des sens dévoilés comme un défi à l’usure du temps ; comme si le temps n’était qu’un véhicule sur le chemin de l’éclosion. Et, malgré cela...


En ce dimanche 2 juin, Pollini commence, Pollini joue, Pollini est un peu ailleurs... Après le concert, il a reconnu que l’enthousiasme du public de Madrid l’a « réveillé », l’a « transformé », et nous avons assisté à la résurrection du meilleur Pollini, celui qu’on connaît bien ici et depuis longtemps.


Les compositeurs choisis pour ce récital sont des habitués de longue date du pianiste italien, la biographie et la discographie du pianiste en sont les témoins. Son Chopin est très souvent introspectif jusqu’à la plus petite nuance, certainement (ah, la Première Ballade donnée en bis), mais ses subtiles violences et sa virtuosité inouïe est souvent au service de la dance et d’une affirmation tout à fait différente de l’expression du grand musicien polonais : il fallait entendre ces quatre Mazurkas de l’Opus 33 ou le prodigieux Troisième Scherzo pour savoir à quel très haut niveau on se situe. Et le chant...? Le belcantisme tardif a inspiré de nombreuses compositions de Chopin, voire des miniatures. Et Pollini chante, même dans un programme qui ne comprend aucun nocturne, forme ou genre privilégiant le côté belcantiste. C’est là que se situent quelques divergences entre le public: Pollini ne « chante »-il plus son Chopin comme il le faisait par le passé? Pollini chante, voilà tout. Et il chante, dirait-on, comme il chantait avec son piano, comme s’il s’agissait d’ébauches d’arias ou des rengaines.


Et Debussy ? Les enregistrements de ce compositeur signés par Pollini sont parmi les plus grands d’un répertoire visité et revisité par les pianistes de tout niveau. Ses Préludes de Debussy sont légendaires, et entendre l’un de ces deux Livres (ici, le Premier, entre « Danseuses de Delphes » et « Minstrels »), c’est comprendre la vision et l’évolution de Pollini au fil de sa carrière. On peut parler subtilité, nuance, couleur, suggestion, chant même, s’il s’agit d’un chant pudique et dont le drame est surtout danse, silence éloquent de subtilités, de nuances, et de couleurs... Tout cela, certainement, mais pourquoi ? L’affect de l’art pollinien rend Debussy « visible », et on peut tenter de s’en rendre compte avec le dessein proposé où la nuance est maîtresse (dans tous les sens du mot) et le silence l’indispensable invité des dernières fêtes.


Le début de ce récital concert était un peu froid, mais il s’est terminé en véritable apothéose. Le Chopin de la première partie progresse et son Debussy est insurpassable. Quatre pièces de Chopin sont offertes en bis, et le public a assouvi sa faim pollinienne et a rendu un hommage à l’un de ses musiciens préférés.



Santiago Martín Bermúdez

 

 

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