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Le Così de Haneke

Bruxelles
La Monnaie
05/23/2013 -  et 26, 28, 30 mai, 2*, 5, 7, 11, 15, 18, 21, 23 juin 2013
Wolfgang Amadeus Mozart: Così fan tutte, K. 588
Anett Fritsch (Fiordiligi), Paola Gardina (Dorabella), Andreas Wolf (Guglielmo), Juan Francisco Gatell (Ferrando), Kerstin Avemo (Despina), William Shimell (Don Alfonso)
Chœurs de la Monnaie, Martino Faggiani (chef des chœurs), Orchestre symphonique de la Monnaie, Ludovic Morlot*/Thomas Rösner (direction)
Michael Haneke (mise en scène), Christoph Kanter (décors), Moidele Bickel, Dorothée Uhrmacher (costumes), Urs Schönebaum (éclairages)




Créé à Madrid en février, le Così de Haneke arrive à Bruxelles précédé d’une excellente réputation. Après un fameux Don Giovanni, le cinéaste livre de ce jeu de l’amour une interprétation désenchantée, plus amère que douce, mais non exempte d’humour. Classique, lumineuse et, en ce sens, éminemment mozartienne, sa mise en scène accorde une importance toute particulière aux récitatifs qui comportent de nombreux silences, parfois pesants mais toujours éloquents. Bien que le dramma giocoso progresse à allure modérée, il règne paradoxalement une irrésistible vitalité. Quelques minutes suffisent pour se laisser convaincre.


Que les réfractaires au Regietheater se rassurent : le spectacle trouve un habile compromis entre modernité et tradition. Si la tenue des sœurs, de leur fiancé et de Despina s’inscrit dans notre époque, Don Alfonso et ses invités apparaissent costumés comme s’ils éprouvaient de la nostalgie pour le XVIIIe siècle. La présence de chandeliers la nuit tombée – magnifiques décors et éclairages – confère chaleur et intimité à ce palais luxueux mais impersonnel. Tout est-il bien qui finit bien ? Le doute subsiste, comme le symbolise la chaîne formée à la fin par les six protagonistes et qui se rompt au tomber de rideau. Cette conclusion forte et virtuose restera longtemps gravée dans la mémoire. Michael Haneke atteint un tel niveau qu’il paraît désormais improbable de faire mieux. Prenons les paris qu’on parlera dans dix, quinze ou vingt ans du Così de Haneke comme on évoque encore aujourd’hui les Noces de Ponnelle.



(© Bernard Coutant)


Ce théâtre calculé au millimètre et peaufiné dans les détails exige énormément de la distribution qui réalise un travail formidable. Anett Fritsch (Fiordiligi) et Paola Gardina (Dorabella) entremêlent remarquablement leurs timbres. Bien qu’elles développent toutes les deux une vocalité quasiment parfaite, la soprano allemande, diablement irrésistible dans sa robe rouge, offre une incarnation plus en relief. Andreas Wolf (Guglielmo) et Juan Francisco Gatell (Ferrando) disposent quant à eux de voix avenantes, souples et parfaitement entraînées. Ces quatre-là possèdent un talent qui leur promet un avenir radieux. Habituée de la Monnaie, voix fine et corsée, Kerstin Avemo compose une Despina désabusée, moins servante que bourgeoise, tandis que William Shimell – chant usé mais phrasé mordant – incarne un Don Alfonso de belle allure, fier et manipulateur. Privilégiant des tempi modérés et veillant aux équilibres, Ludovic Morlot obtient de l’orchestre une prestation en demi-teinte – cordes ternes, bois fades, cuivres désordonnés. Le directeur musical devra changer son fusil d’épaule pour La Clémence de Titus en octobre s’il souhaite une sonorité plus dense et scintillante. Même s’ils chantent peu dans cet ouvrage, les chœurs se démarquent positivement.



Sébastien Foucart

 

 

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