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Par la petite porte

Paris
Palais Garnier
04/14/2013 -  et 16, 19*, 22, 24, 27 avril, 3, 6 mai 2013
Engelbert Humperdinck : Hänsel und Gretel
Jochen Schmeckenbecher (Peter), Irmgard Vilsmaier (Gertrud), Daniela Sindram (Hänsel), Anne-Catherine Gillet (Gretel), Anja Silja (Die Knusperhexe), Elodie Hache (Sandmännchen), Dolga Seliverstova (Taumädchen)
Maîtrise des Hauts-de-Seine/Chœur d’enfants de l’Opéra national de Paris, Orchestre de l’Opéra national de Paris, Claus Peter Flor (direction)
Mariame Clément (mise en scène)


A.-C. Gillet, D. Sindram
(© Opéra national de Paris/Monika Rittershaus)



Plus de mystère, plus de féerie, plus de nature, sinon quelques arbres coincés entre les cases qui composent un décor où se reflètent deux actions en miroir : chanteurs d’un côté, comédiens de l’autre. Humperdinck a quitté la forêt pour le divan : ce Hänsel et Gretel a relu son Freud, son Bettelheim, nous transporte dans la chambre, dans l’imaginaire, dans les rêves d’enfants d’un couple petit-bourgeois de l’époque du compositeur – on reçoit d’ailleurs un hôte qu’on prendrait volontiers pour Humperdinck... ou pour le docteur Freud. Mais Mariame Clément s’est prise au piège : si elle refuse le premier degré du conte, elle tombe dans celui d’une psychanalyse de supérette. C’est souvent le cas chez elle : le spectacle reste inabouti, comme s’il n’avait pas les moyens de ses ambitions. Le propos se disperse et perd en lisibilité, même si l’on apprécie tel ou tel clin d’œil : à Walt Disney pour la Fée Rosée, à La Métamorphose de Kafka pour l’enfermement de Hänsel, à la Tétralogie de Wagner pour les déguisements de Gretel. On apprécie aussi le numéro d’Anja Silja en vamp sur le retour, moulée dans une robe de strass, sortie d’un énorme gâteau kitsch, mère ogresse qui ne veut pas vieillir – inutile de dire ce qu’elle fait de son boa... – et meneuse de revue conduisant une désopilante chorégraphie de sorcières à balais. Il n’empêche : là où le parti adopté devait conduire à une lecture plus tendue, plus forte, plus ambiguë que la simple mise en scène du conte des frères Grimm, on n’a guère que du caramel mou, faute aussi d’une direction d’acteurs approfondie et moins convenue – rien n’est pire, de surcroît, que de faire jouer les deux protagonistes comme des gamins : ça sonne faux et c’est souvent ridicule.


Reste la musique, très wagnérienne comme chacun sait – quand on a collaboré avec ferveur à la création de Parsifal... Comme celle du maître, elle est ce qu’on en fait : excellent chef de tradition au demeurant, Claus Peter Flor échoue totalement à la rendre légère, la baguette pèse du plomb, ne s’aère qu’à la fin du deuxième tableau, contribue à l’ennui de la soirée. Dommage, car il met en relief les couleurs d’un orchestre de l’Opéra des meilleurs jours, vents opulents, bois goûteux, cordes veloutées. La distribution compose un bel ensemble, même si personne ne laisse un grand souvenir. La délicieuse Gretel d’Anne-Catherine Gillet manque parfois de chair dans le médium, le Hänsel sensible de Daniela Sindram reste un peu léger. Les parents ont voix et présence, surtout Jochen Schmeckenbecher, beau timbre et chant de classe, Irmgard Vilsmaier trahissant parfois les duretés de certains mezzos wagnériens. Quant à Anja Silja, son génie de la composition ne peut plus compenser le fatal délabrement d’une voix dont il ne reste que quelques aigus plus rêches que jamais.


Pour son entrée à l’Opéra, Humperdinck est passé par la petite porte.



Didier van Moere

 

 

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