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Trois sœurs à la conquête de Zurich

Zurich
Opernhaus
03/09/2013 -  et 15, 24 mars, 3, 5, 11*, 14 avril 2013
Peter Eötvös : Trois Sœurs
Ivana Rusko (Irina), Anna Goryachova (Mascha), Irène Friedli (Olga), Rebeca Olvera (Natascha), Kresimir Strazanac (Baron Tusenbach), Cheyne Davidson (Verschinin), Elliot Madore (Andrei), Erik Anstine (Kulygin), Martin Zysset (Le docteur), Daniel Eggert (Soljony), Dimitri Pkhaladze (Anfisa), Andreas Winkler (Fedotik), Dmitry Ivanchey (Rodé)
Philharmonia Zürich, Michael Boder, Peter Sommerer (direction musicale)
Herbert Fritsch (mise en scène et décors), Victoria Behr (costumes), Franck Evin (lumières), Sabrina Zwach, Beate Breidenbach (dramaturgie)


(© Hans Jörg Michel)


Après leur première suisse à Berne en 2005, les Trois Sœurs de Peter Eötvös entrent maintenant au répertoire de l’Opernhaus de Zurich dans une magnifique production particulièrement soignée. Créé à Lyon en 1998 et repris à Paris en 2011, l’opéra, on le sait, a tout de suite connu un immense succès, qui s’est rapidement traduit par une succession de représentations triomphales un peu partout en Europe, que ce soit en Hollande, en Allemagne, en Hongrie, en Belgique ou encore en Autriche. Les Trois Sœurs sont un véritable phénomène, peut-être l’une des partitions lyriques de notre époque les plus jouées. Voilà qui contraste avec bien d’autres œuvres vite oubliées après leur première réalisation scénique.


Fondé sur le chef-d’œuvre éponyme de Tchekhov, l’opéra est divisé en un prologue et trois séquences. Dans le prologue, les trois sœurs s’interrogent sur le sens de la vie et expriment leur nostalgie et leur résignation, autant de thèmes chers à l’écrivain russe. Nostalgie de Moscou, que les sœurs ont dû quitter pour une petite ville de province, nostalgie d’anciennes histoires d’amour qui ne se sont pas concrétisées. Et résignation face à une existence qui ne les satisfait guère. Puis chacune des trois séquences raconte la même histoire, mais sous trois perspectives différentes, en évitant les redondances, chaque séquence étant associée à un personnage placé devant un choix difficile.


A Lyon, les rôles des trois sœurs et de leur belle-sœur Natascha étaient chantés par des contre-ténors. Par la suite, Peter Eötvös a écrit une version pour voix de femmes, celle présentée à Zurich. Si le metteur en scène et décorateur allemand Herbert Fritsch s’est éloigné des costumes et des masques du théâtre nô japonais de la création, il en a gardé en quelque sorte l’esprit puisque les trois héroïnes apparaissent ici dans de magnifiques costumes folkloriques et avec de superbes coiffures, ce qui leur confère des airs de poupées russes. Chacun de leur geste est stylisé, voire maniéré, leur jeu s’apparentant à une série de clichés, comme pour mieux souligner l’effet de distanciation. Les hommes sont, quant à eux, des marionnettes ou des caricatures, englués dans des situations dont ils ne sont pas maîtres. Des parois coulissantes de différentes matières et couleurs viennent instaurer une atmosphère particulière pour chaque scène. La débauche de couleurs tout autant que l’ingéniosité du dispositif tiennent le public en haleine.


Dans la fosse, une formation de chambre représentant les trois sœurs et le petit groupe d’hommes autour d’elles fait écho à un orchestre symphonique placé sur le plateau, derrière les chanteurs, qui symbolise, lui, le vaste monde. La distribution est parfaitement homogène, avec notamment les trois sœurs interprétées par Ivana Rusko, Anna Goryachova et Irène Friedli, qui rendent toutes à merveille leur mal être et leur ennui. Une nouvelle réussite pour l’Opernhaus de Zurich.



Claudio Poloni

 

 

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