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Nouveau triomphe à Saint-Etienne

Saint-Etienne
Grand Théâtre Massenet
03/13/2013 -  et 15, 17, 19 mars 2013
Giuseppe Verdi : La traviata
Joyce El-Khoury (Violetta Valéry), Stanislas de Barbeyrac (Alfredo Germont), Vincenzo Taormina (Giorgio Germont), Marie Karall (Flora Bervoix), Frédéric Diquero (Gastone), Vladimir Kapshuk (Le baron Douphol), Patricia Schnell (Annina), Guy Bonfiglio (Le marquis d’Orbigny), Frédéric Caton (Le docteur Grenvil), Tigran Guiragosyan (Giuseppe)
Chœur lyrique Saint-Etienne Loire, Laurent Touche (chef de chœur), Orchestre symphonique Saint-Etienne Loire, Laurent Campellone (direction)
Jean-Louis Grinda (mise en scène), Rudy Sabounghi (décors), Jorge Sara (costumes), Laurent Castaingt (lumières)


S. de Barbeyrac, J. El-Khoury (© Cyrille Cauvet)


Un mois et demi après sa création à l’Opéra de Monte-Carlo, la production de La Traviata imaginée par Jean-Louis Grinda investit les murs de l’Opéra-Théâtre de Saint-Etienne, coproducteur du spectacle. Le directeur de l’institution monégasque n’ayant (visiblement) pas revu sa copie entre-temps, nous renvoyons le lecteur aux commentaires (très positifs) que nous avions formulés sur son travail dans notre recension monégasque, tout en précisant que la scène-pivot avec la ballerine nous a donné encore plus de frissons, la prestation de la danseuse Eugénie Andrin s’étant avérée d’une incroyable puissance émotionnelle.


Comme la plupart du temps à Saint-Etienne, le premier bonheur vient de la fosse, son talentueux directeur musical Laurent Campellone dirigeant une phalange «maison» en progrès constants, avec une transparence, un raffinement et une clarté que l’on n’a pas si souvent l’habitude d’entendre. Sa direction très élégante s’adapte, en outre, particulièrement bien au travail de Grinda, et constitue un exemple de bon goût.


Pour que la réussite soit totale, il fallait que la distribution soit du même niveau et qu’elle soit crédible, physiquement. Sur ce plan, force est de constater que la direction de l’institution stéphanoise, grâce à son conseiller aux distributions vocales Josquin Macarez, a eu la main heureuse. Précédée d’une flatteuse réputation, la jeune Joyce El-Khoury n’a pas déçu nos attentes. La soprano canadienne, qui reprendra le rôle de Violette Valéry en mai prochain à l’Opéra d’Amsterdam, est une magnifique Violetta, à laquelle on s’identifie immédiatement, et qui s’implique totalement dans son personnage. Le timbre est de toute beauté, la technique vocale déjà aguerrie, la tessiture est maîtrisée de bout en bout, et elle sait s’emparer de son auditoire, en l’enveloppant de vocalises aériennes ou déchirantes, comme dans le sublime «Addio del passato», qui mêlent effroi et fragilité. Son deuxième acte nous vaut des messe di voce d’un intense lyrisme, notamment dans son duo avec Germont père, et un «Amami Alfredo» qui, s’il ne nous pas autant «scotché» que celui de Sonia Yoncheva quelques semaines plus tôt à Monte-Carlo, s’avère poignant. Son atout principal réside dans sa science des piani et des pianissimi, dont elle a néanmoins – et inévitablement – tendance à abuser. Elle n’en est pas moins, de façon indiscutable, une des grandes Violetta d’aujourd’hui.


Quant au très prometteur Stanislas de Barbeyrac, applaudi à Toulon en janvier dernier dans le rôle du Chevalier de la Force des Dialogues des carmélites, il frôle l’idéal dans le rôle d’Alfredo (qu’il aborde pourtant pour la première fois) avec sa voix souple et lyrique, son timbre clair et vaillant à la fois, son irréprochable musicalité ainsi que son phrasé précis et sans effets superflus; sa leçon de chant culmine dans un «Parigi, o cara» détaillé de souveraine façon. De plus, il a vraiment le physique du personnage et forme avec Joyce El-Khoury un couple parfaitement assorti. Vincenzo Taormina est ainsi le seul qui déçoive un peu: la voix est plutôt belle et bien timbrée, mais la ligne de chant s’avère bien raide et l’émission souvent brutale. Le reste de la distribution, enfin, est de bonne qualité, avec une mention toute spéciale pour la Flora Bervoix haute en couleur de la mezzo française Marie Karall.


C’est un véritable triomphe que le public adresse à l’ensemble du plateau au rideau final, avec pas moins de cinq rappels.



Emmanuel Andrieu

 

 

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