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Mitigé

Paris
Salle Pleyel
02/20/2013 -  et 21 février 2013
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano et orchestre n° 17 en sol majeur, K. 453
Anton Bruckner : Messe n° 3 en fa mineur

Emanuel Ax (piano), Chen Reiss (soprano), Renata Pokupic (mezzo-soprano), Werner Güra (ténor), Johannes Weisser (basse)
Chœur de l’Orchestre de Paris, Lionel Sow (chef de chœur), Orchestre de Paris, Ingo Metzmacher (direction)


I. Metzmacher (© Kai Bienert)


Est-ce la difficulté du programme? La faible notoriété d’un chef pourtant excellent, dont le nom est plutôt attaché au répertoire des cent dernières années? Toujours est-il que c’est une salle Pleyel moyennement remplie (d’autant que les places de l’arrière-scène étaient réservées pour le chœur) qui accueille l’Orchestre de Paris, dirigé par l’Allemand Ingo Metzmacher. Le public parisien connaît bien le chef actuel du Deutsches Symphonie-Orchester de Berlin qui s’est principalement illustré dans la musique du XXe siècle (la Turangalîla-Symphonie de Messiaen, les Symphonies de Hartmann, ...); on a ainsi pu l’entendre à plusieurs reprises à la tête de l’Orchestre national de France (voir ici, ici, ici et ici), de son orchestre allemand (voir ici et ici) et, à deux reprises déjà, de l’Orchestre de Paris (dans un mémorable War Requiem et dans un programme aux tonalités plus modernes).


Compte tenu de ses affinités, il était intéressant de l’entendre diriger du Mozart, qui plus est avec Emanuel Ax: on en sera pourtant pour ses frais. Merveilleux chambriste, interprète souvent inspiré (on se souvient par exemple d’un Empereur de toute beauté sous la baguette de Sir Colin Davis), le pianiste américain, s’avançant sur scène de façon joviale comme à son habitude, livre un jeu très clair, limpide même, mais dénué de toute émotion. C’est propre mais lisse; c’est bien fait mais ennuyeux. L’Allegro se déroule sans encombre, l’orchestre étant conduit avec grande finesse par Metzmacher, mais Emanuel Ax instaure, paradoxalement par la perfection de son jeu, une distance avec une musique qui ne demande au contraire qu’à être cajolée. L’Andante se cantonne dans l’épure et même le troisième mouvement, qui devrait notamment jouer sur les échanges entre les bois et le soliste, frise l’indifférence. Les applaudissements, plus polis qu’enthousiastes, poussent Emanuel Ax à donner en bis une valse de Chopin, la Deuxième de l’Opus 34 (en la mineur), témoignant tout de même de son talent.


La seconde partie du concert, désertée par une partie du public, était consacrée à une vraie rareté qui faisait ainsi son entrée au répertoire de l’Orchestre de Paris, la Messe en fa mineur (1867-1868) d’Anton Bruckner (1824-1896). Le génie orchestrateur de Bruckner ne transparaît pas dans cette œuvre monumentale, quelque peu décousue, qui s’inspire en plus d’une occasion de la Missa Solemnis de Beethoven, qu’il s’agisse de l’intervention du violon solo dans le Kyrie ou de l’explosion orchestrale (lancée ici par un terrible roulement de timbales) qui se fait entendre au moment du «Et resurrexit». Ce qui étonne surtout, ce sont les solistes qui, contrairement par exemple à ce que l’on peut entendre dans son Te Deum, interviennent de façon quelque peu incohérente, souvent par bribes (un peu de soprano et de basse dans le Kyrie, un peu de soprano et d’alto dans le Gloria, ...), et sans que de longues tirades leur soient confiées comme c’est pourtant souvent le cas dans ce type de pièces.


A cet exercice, et sans pour autant vraiment démériter, les solistes ne brillent guère hormis le ténor Werner Güra, qui chante sa partie avec conviction et solennité dans le Credo. Dans les voix, c’est surtout le Chœur de l’Orchestre de Paris, parfaitement préparé par Lionel Sow, qui mérite les plus vifs éloges; sollicité d’un bout à l’autre de la messe, qui dure tout de même près d’une heure, il répond toujours présent, alternant comme il convient murmure et fureur, intervenant au doigt et à l’œil des indications du chef. Car c’est aussi Ingo Metzmacher qui doit être salué, tant la partition semble être difficile à conduire! Point de grande arche sonore ici comme on peut en connaître dans les Symphonies du maître de Saint-Florian, point même de profusion orchestrale: alors que les cuivres s’en donnent habituellement à cœur joie, on ne compte là que deux cors, deux trompettes et trois trombones. Globalement, l’Orchestre de Paris ne semble d’ailleurs pas très à son aise (quelques problèmes d’attaques chez les trombones, quelques soucis de justesse pour les cordes, ...) mais, au bout du compte, relève plutôt le défi: ce n’était pas gagné...


Le site d’Ingo Metzmacher
Le site d’Emanuel Ax
Le site de Chen Reiss
Le site de Renata Pokupic



Sébastien Gauthier

 

 

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