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L’EIC joue ses classiques

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
02/10/2013 -  
Igor Stravinsky : Huit miniatures instrumentales – Concertino pour douze instruments
Pierre Boulez : Le Marteau sans maître
Edgard Varèse : Octandre – Déserts

Margriet van Reisen (mezzo-soprano)
Ensemble intercontemporain, Matthias Pintscher (direction)


M. Pintscher (© Ethan Bensdorf)


Une page se tourne à l’Intercontemporain. Matthias Pintscher, chef et compositeur – ou compositeur et chef, succèdera à Susanna Mälkki à partir de la saison prochaine. Voici donc un des plus talentueux quadragénaires de la musique allemande, joué par les plus grands orchestres et les plus grands chefs, tel Pierre Boulez, à la tête d’une institution qu’il veut arracher au ghetto où on enferme – et où s’enferme elle-même – parfois la musique contemporaine. Ce concert parisien, dédié à trois grands aînés, trois grands classiques du XXe siècle, donne d’emblée une idée du geste du chef – on se réjouit également de voir l’EIC, toujours aussi virtuose, investir les Champs-Elysées, qu’il est loin d’avoir vidé alors que son public n’est pas réputé pour ses goûts avant-gardistes.


Les Miniatures et le Concertino de Stravinsky révèlent aussitôt une direction à la fois précise et généreuse, sans cette sécheresse propre à certains chefs spécialisés dans le répertoire d’aujourd’hui : pas d’ironie acide non plus, presque une sorte de nostalgie pour les premières, orchestrations des Cinq doigts de 1921, verve et humour, en revanche, pour les Concertino. Matthias Pintscher ne dirige pas autrement Le Marteau sans maître, surprenant certains par la jubilation gourmande, la sensualité colorée qu’il y ose parfois, très loin d’une approche sérielle pure et dure – cela invalide, du coup, le choix de la voix d’alto, au timbre trop mat et au chant trop droit, alors qu’on aurait aimé également un alto plus présent. Une lecture qui, en tout cas, situe sans ambages ce Marteau dans la mouvance de Messiaen et souligne combien Boulez est aussi l’héritier d’une certaine tradition française – on voyait plutôt, en 1955, une œuvre de rupture.


Rien d’étonnant, ensuite, si le rythme chaloupe parfois dans un Octandre de Varèse où les sonorités ne sont pas gratuitement agressives. Déserts, enfin, nous rappelle un des plus mémorables scandales de l’histoire de la musique… et des Champs-Elysées. Mais le 2 décembre 1954 paraît bien éloigné maintenant, même si l’on peut s’interroger sur les « interpolations » électroniques – à l’inverse d’un Chailly, un Boulez n’a gravé que la partie d’orchestre. Quoi qu’il en soit, Matthias Pintscher ne nous séduit pas moins ici, par la rigueur d’une direction jamais rigide, par la capacité, surtout, à créer et varier des ambiances, à aller au-delà du son pur pour nous faire voir ces énigmatiques déserts.



Didier van Moere

 

 

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