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L’Or dans la fosse

Paris
Opéra Bastille
01/29/2013 -  et 1er, 4, 7, 10, 12 février, 18 juin 2013
Richard Wagner : Das Rheingold
Thomas Johannes Mayer/Egils Silins* (Wotan), Samuel Youn (Donner), Bernard Richter (Froh), Kim Begley (Loge), Lars Woldt (Fasolt), Günther Groissböck (Fafner), Peter Sidhom (Alberich), Wolfgang Ablinger-Sperrhacke (Mime), Sophie Koch (Fricka), Edith Haller (Freia), Qiu Lin Zhang (Erda), Caroline Stein (Woglinde), Louise Callinan (Wellgunde), Wiebke Lehmkuhl (Flosshilde)
Orchestre de l’Opéra national de Paris, Philippe Jordan (direction)
Günter Krämer (mise en scène)


(© Opéra national de Paris/Elisa Haberer)


Année Wagner oblige, le Ring raté de 2010 retrouve l’affiche de Bastille. Si Günter Krämer a peut-être légèrement revu sa copie, l’essentiel demeure. Avec lourdeurs et poncifs, à commencer par ces géants en égoutiers brandissant des drapeaux rouges jusque dans la salle et cette « Germania » ressuscitée à travers une espèce de stade. Cela rappelle, une fois de plus, le Don Carlos viennois de Peter Konwitschny et le Tannhäuser munichois de David Alden. Mais la chose passe mieux maintenant, sans doute parce qu’on a déjà donné et qu’on n’attend plus rien. Ces dieux démythifiés, dont un Loge clown met à nu les tares et les ridicules, semblent même plus un peu plus crédibles aujourd’hui. Il est vrai que la direction d’acteurs a gagné en précision et cache mieux le vide du propos.


Et puis, surtout, Philippe Jordan s’est départi de cette réserve qui le laissait aux portes de la partition. Certes, il n’est pas plus visionnaire aujourd’hui qu’hier : il n’a pas la tête épique. Sans doute parce qu’il voit d’abord, à travers ces dieux, ces géants et ces nains, un reflet de notre pitoyable humanité. Mais l’arc, aujourd’hui, se tend davantage, de l’accord initial à la montée faussement triomphale vers le Walhalla. Est- ce dû à son Parsifal bayreuthien ? Pas de répit en tout cas, pas de baisse de tension dans le flux musical. Et le geste s’est beaucoup assoupli, la pâte sonore est plus fluide, plus chambriste que jamais, avec un souci quasi maniaque de la mise en valeur des lignes, ce qui nous révèle parfois des détails oubliés ou ignorés.


La direction s’accorde bien, du coup, avec une distribution valant d’abord par l’homogénéité d’un ensemble dont on retrouve la plupart des éléments. Certains n’ont pas acquis la dimension qui leur manquait : Egils Silins n’est toujours pas Wotan, trop court de voix et d’idée, trop faible dans le bas-médium et le grave ; l’Alberich de Peter Sidhom, plus pauvre type que monstre, reste limité lui aussi, vocalement fatigué aujourd’hui, alors que Wolfgang Ablinger-Sperrhacke, en Mime, saisit de nouveau à la fois par sa santé vocale et la force de sa composition. Günther Groissbock, en revanche, donne davantage de profondeur et de noirceur à son Fafner, flanqué aujourd’hui du Fasolt magnifiquement phrasé de Lars Woldt, que la belle Fricka d’Edith Haller conduira à sa perte. Egale à elle-même, Sophie Koch renouvelle l’image de Fricka, plus assurée vocalement qu’il y a trois ans et Qiu Lin Zhang a conservé les beaux graves caverneux de son Erda. La voix de Caroline Stein a heureusement pris du corps et Bernard Richter remplace avantageusement Marcel Reijans en Froh, complétant bien le Donner sonore, fidèle au poste, de Samuel Youn. Mais cet Or du Rhin semble tout entier porté par le Loge impayable, fielleux et dangereux, envieux et cauteleux, de Kim Begley qui, de surcroît, chante ses notes là où plus d’un préfère les facilités du Sprechgesang.



Didier van Moere

 

 

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