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Combats

Paris
Salle Gaveau
01/28/2013 -  
Ludwig van Beethoven : Sonate n° 26 (Sonate caractéristique: Les adieux, l’absence et le retour), opus 81a
Frédéric Chopin : Scherzo n° 1, opus 20 – Nocturne, opus 15 n° 2 – Ballade n° 4, opus 52
Franz Liszt : Sonate en si mineur

Igor Tchetuev (piano)


I. Tchetuev (© Jack Liebeck)


«Gaveau intime» reçoit Igor Tchetuev (né en 1980), premier prix au concours Rubinstein de Tel Aviv (1998) puis quatrième prix au concours de Leeds (2003), pour un récital couvrant à peine un demi-siècle de musique romantique. Tout au long de la soirée, le pianiste allemand d’origine ukrainienne livre plusieurs combats dont il ne sort pas toujours vainqueur: combat contre un Yamaha passablement laid, au medium cotonneux et aux aigus criards; combat contre les partitions, dont certaines notes, voire certains passages, lui filent entre les doigts; enfin, et peut-être surtout, combat contre lui-même, contre une fébrilité certes guère perceptible sur son visage ou dans sa tenue face au clavier, mais qui expliquerait des scories anormalement nombreuses dans son jeu, et ce, pas nécessairement dans les moments les plus périlleux.


Tout cela se sent dès la Vingt-sixième Sonate «Les Adieux» (1810) de Beethoven, mais ne devient pas rédhibitoire pour autant, car la variété du toucher, l’aisance digitale et le parti pris interprétatif offrent de belles consolations. Trois pièces de Chopin laissent ensuite une impression comparable: le Premier Scherzo (1831), mené à un train d’enfer, quitte à avaler certains traits, mais dont la partie centrale ne respire guère; le Deuxième des trois Nocturnes de l’Opus 15 (1831), à la ligne de chant presque raide à force de fermeté; la Quatrième Ballade (1842) où, hormis dans les pages agitées, la recherche sur les sonorités tend à prendre le pas sur l’expression.


En seconde partie, la Sonate en si mineur (1853) se révèle tout aussi frustrante, car les hésitations viennent subitement interrompre de grands moments de piano et même des moments de grand piano. Le sentiment d’ensemble demeure toutefois favorable face à ce Liszt à la fois construit et abordé d’un seul élan, témoignant d’une vraie personnalité musicale: les fulgurances sont contrôlées – on a connu fugue plus diabolique – mais la musique va toujours de l’avant et la poésie ne perd jamais ses droits, comme dans le troisième thème qui revêt ici une élégance toute chopinienne.


Pas de combat avec le public, en revanche, car non seulement la salle est bien plus qu’honorablement remplie pour un lundi soir mais l’accueil est chaleureux. Sur un instrument à l’accord de plus en plus flottant, Tchetuev offre trois bis qui confirment l’intérêt qu’il faudra continuer à lui porter: un modèle de phrasé dans la Onzième (en mi bémol) des douze Etudes de l’Opus 25 (1832) de Chopin, un kaléidoscope torrentiel dans la Dixième (en fa mineur) des douze Etudes d’exécution transcendante (1852) de Liszt et un salutaire refus du pathos et de l’alanguissement dans l’arrangement par Siloti du Prélude en si mineur BWV 855a de Bach.



Simon Corley

 

 

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