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Sans prise de tête

Liège
Opéra royal de Wallonie
12/22/2012 -  et 23, 26, 27, 28, 29, 30*, 31 décembre (Liège), 6 janvier 2013 (Charleroi)
Jacques Offenbach : La Belle Hélène
Alexise Yerna (Hélène), Florian Laconi (Pâris), Denis D’Arcangelo (Ménélas, Bacchis), François Harismendy (Agamemnon), Bernard Alane (Calchas), Alexander Swan (Oreste), Sébastien Romignon Ercolini (Achille), Manuel Durand (Ajax I), Ivan Geissler (Ajax II), Gilles Benizio (Philocome), Julie Bailly (Léoena), Cécile Lastchenko (Parthoenis)
Chœurs de l’Opéra royal de Wallonie, Marcel Seminara (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Cyril Englebert (direction)
Corinne et Gilles Benizio (mise en scène, décors), Isabelle Mathieu (costumes), Jacques Rouveyrollis (lumières), Alexis Gutierrez (chorégraphie)


(© Jacky Croisier)


Enfin un vrai spectacle de fin d’année. Si les contestés et contestables Flûte enchantée au Vlaamse Opera et Traviata à la Monnaie suscitent sinon le rejet du moins la réflexion, cette Belle Hélène (1864) d’Offenbach à l’Opéra royal de Wallonie se déguste le sourire aux lèvres. Il s’agit d’une reprise d’un spectacle créé il y a un an à l’Opéra Berlioz de Montpellier dans une distribution partiellement différente. Corinne et Gilles Benizio, alias Shirley et Dino, recréent la Grèce antique avec fantaisie : un décor en carton-pâte dans l’esprit de la bande dessinée, des personnages drôles en veux-tu en voilà, de la gaieté, des couleurs éclatantes et quelques sympathiques anachronismes comme, par exemple, le lit d’Hélène en forme de coquille ou le look mi gothique mi punk d’Oreste (interprété ici par un ténor) et de ses copines Léoena et Parthoenis.


La mise en scène traduit avec goût et finesse la dimension satirique de l’ouvrage mais quelle poésie lorsqu’Hélène et Pâris évoluent parmi des toiles translucides tombées des cintres. Néanmoins, l’humour constitue bel et bien l’objet premier de cette Belle Hélène. Le livret de Meilhac et Halévy y est pour beaucoup. Le travail de cet illustre duo a été respecté, malgré des ajouts et digressions bienvenus, au point de réhabiliter la scène du Jeu de l’oie. Pour permettre au public de patienter lors des changements de décors, les chanteurs et les comédiens n’hésitent pas à pousser la chansonnette – la version revue et corrigée de «Mais non, mais non» d’Henri Salvador met la salle en joie. Les spectateurs se prêtent au jeu lorsque Ménélas les incite à acclamer Hélène lorsqu’elle apparait resplendissante au troisième acte. La fille de Léda et Jupiter apprécie tellement cet instant de gloire qu’elle répète la scène deux fois. Grâce à juste ce qu’il faut de gags et à un bon timing, ce spectacle sans creux file à bonne allure.


Sur le plan vocal, la distribution offre peu à se mettre sous la dent mais l’essentiel de cet opéra bouffe ne réside-t-il pas ailleurs ? Bien connue du public liégeois, qui la retrouve dans un rôle qu’elle connait bien, Alexise Yerna campe une Hélène classe et bien de sa personne. Elle adopte un accent haut perché de bourgeoise distinguée qui peut horripiler et la voix, dépourvue de pulpe et de moelleux, ne compte assurément pas parmi les plus belles mais la soprano, également comédienne de talent, signe une interprétation des plus plaisantes. La diction ne souffre d’aucune critique, comme d’ailleurs celle des autres artistes – dans un tel ouvrage, ce n’est pas un luxe. Le reste du plateau dispense un chant correctement tenu – signalons le Pâris de Florian Laconi et l’Agamemnon de François Harismendy – tandis qu’il convient d’encourager le travail plein de bonne volonté de deux jeunes chanteuses belges fraichement diplômées des conservatoires du royaume, Julie Bailly (Léoena) et Cécile Lastchenko (Parthoenis). Deux comédiens provoquent plus d’une fois l’hilarité : Bernard Alane (Calchas) et, surtout, l’impayable Denis D’Arcangelo qui campe un Ménélas fluet et savoureusement ridicule mais aussi une Bacchis dont l’élégance vestimentaire se situe à l’exact opposé d’Hélène. Si Corinne Benizio observe tout cela dans une loge latérale, son époux, Gilles, joue un Philocome burlesque à souhait. Jeune chef originaire de Liège, Cyril Englebert dirige avec soin un orchestre de taille modeste, ce qui ne signifie pas rachitique, et sonnant avec vitalité et précision.



Sébastien Foucart

 

 

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