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Regietheater jusqu’à la caricature

Antwerp
Vlaamse Opera
12/12/2012 -  et 14, 15, 16*, 18, 20, 21, 23, 27, 29, 31 décembre 2012 (Antwerpen), 10, 11, 13, 15, 16, 18, 19, 20 janvier 2013 (Gent)
Wolfgang Amadeus Mozart : Die Zauberflöte, K. 620
Ante Jerkunica (Sarastro), Olga Pudova (Die Königin der Nacht), Rainer Trost/Yijie Shi* (Tamino), Robin Johannsen/Julia Westendorp* (Pamina), Josef Wagner (Papageno), Mirella Hagen (Papagena), Guy de Mey (Monostatos), Hanne Roos (Erste Dame), Tineke Van Ingelgem (Zweite Dame), Marija Jokovic (Dritte Dame), Gevorg Grigoryan (Sprecher, Erster Priester, Zweiter Geharnischter), Michael J. Scott (Zweiter Priester, Erster Geharnischter), Jacob Van Neste, Arnaut Lemmens, Gill Eeckelaert, Gloria Huyghe, Nedezda Voordeckers, Katrijn Van Cauwenberghe (Knaben)
Koor van de Vlaamse Opera, Yannis Pouspourikas (chef du chœur), Symfonisch orkest van de Vlaamse Opera, Tomás Netopil*/Yannis Pouspourikas (direction)
David Hermann (mise en scène), Christof Hetzer (décor, costumes), Bernd Purkrabek (éclairage)


(© Annemie Augustijns)


Le bilan est lourd : sept morts. Tenant Pamina par la main, Tamino flingue froidement Sarastro occupé à fumer tranquillement sur la terrasse de son ranch. Peu de temps auparavant, ce dernier a éliminé d’un seul coup, au moyen d’une déflagration électrique, la Reine de la nuit, les Trois Dames et Monostatos tandis qu’un des deux Hommes armés succombe à la roulette russe. Rideau. David Hermann ôte l’humanité et la magie de La Flûte enchantée (1791), qu’il inscrit dans une sorte de futur post-apocalyptique, probablement dans l’Ouest américain. Le début se tient dans une centrale électrique où Tamino s’égare. Trois (jeunes) dames mouillées et se contorsionnant sans cesse viennent à son secours après que le jeune homme ait été foudroyé par un transformateur défectueux – le serpent bien sûr.


Mi-homme, mi-animal, Papageno se déplace courbé mais avec agilité, un peu comme Jeff Goldblum dans La Mouche. La créature trouve un alter ego féminin en Papagena, persécutée, handicapée et, de ce fait, clouée dans un fauteuil roulant – tant pis si cela choque les personnes à mobilité réduite dans le public. Des enfants en coulisse prêtent leur voix à des ragondins actionnés par des marionnettistes. L’idée amuse les spectateurs qui rigolent également de bon cœur lorsque Sarastro glisse avec volupté dans sa baignoire après avoir enlevé ses vêtements en prenant soin de conserver toutefois son caleçon – il convient en effet de ne pas choquer les âmes sensibles. Dans un accoutrement pitoyable, la Reine de la nuit chante quant à elle son air célèbre dans une douche, un couteau à la main. Pour tenter de comprendre le sens de ce sinistre pensum, Regietheater jusqu’à la caricature, le spectateur, s’il en a la patience, lira l’entretien (en néerlandais seulement) entre David Hermann et le dramaturge reproduit dans le programme. A titre personnel, le sens de ce spectacle nous échappe.


Le bilan vocal s’avère heureusement plus satisfaisant. Le Vlaamse Opera réussit une fois de plus à réunir une troupe cohérente, sans maillon faible et majoritairement constitué de jeunes. Ante Jerkunica (Sarastro), Josef Wagner, comédien de talent (Papageno), et Guy de Mey (Monostatos) chantent et jouent honorablement. La Reine de la Nuit d’Olga Pudova imprègne modérément la mémoire à cause d’une prestation musclée et hystérique, théoriquement déplacée mais alignée sur les exigences du metteur en scène. Mirella Hagen peine à conférer un tant soit peu de relief à Papagena, de toute façon réduite à presque rien dans la vision de David Hermann. Yijie Shi possède le timbre et le format de Tamino et Julia Westendorp (belle voix, joli minois) ceux de Pamina. Hanne Roos, Tineke Van Ingelgem et Marija Jokovic conjuguent remarquablement leur voix dans un trio de Dames réglé avec précision tandis que Gevorg Grigoryan et Michael J. Scott incarnent les Prêtres et les Hommes armés (des gardes-chasse coiffés à l’américaine) sans ternir le plateau. A la tête d’un orchestre moyennement fin, Tomás Netopil conserve des tempi soutenus, bien que l’Ouverture laisse craindre le contraire, et obtient de ses troupes suffisamment de vitalité. Comportant quelques enfants ce dimanche, alors qu’un tel spectacle ne leur convient pas, le public ne manifeste aucune hostilité lors des saluts, comme s’il en avait vu d’autres.



Sébastien Foucart

 

 

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