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En demi-teinte

Lille
Opéra
11/06/2012 -  et 12, 15, 17, 19, 21, 23 octobre (Paris), 8, 10*, 13, 15 novembre (Lille) 2012
Marc-Antoine Charpentier : Médée, H. 491
Michèle Losier (Médée, La Gloire), Anders Dahlin (Jason, Premier berger), Sophie Karthäuser (Créuse, La Victoire, Seconde bergère), Stéphane Degout (Oronte, Un chef du peuple, Second berger), Laurent Naouri (Créon), Aurélie Legay (Nérine, Bellone), Elodie Kimmel (Cléone, Première bergère), Katherine Watson (Une Italienne, Un fantôme, La Vengeance), Benoît Arnould (Arcas, Un habitant, Un Argien), Clémence Olivier (L’Amour), Samuel Boden (Premier Corinthien, Un démon), Matthieu Chapuis (Second Corinthien, La Jalousie)
Chœur d’Astrée, Béatrice Malleret (chef de chœur), Le Concert d’Astrée, Emmanuelle Haïm (direction)
Pierre Audi (mise en scène), Jonathan Meese, Marlies Forenbacher (scénographie), Jorge Jara (costumes), Jean Kalman (lumières), Kim Brandstrup (chorégraphie)


(© Frédéric Iovino)


Sans faire l’objet de célébrations particulières, au contraire de Debussy et Massenet, Marc-Antoine Charpentier occupe une place importante, cette saison, dans la programmation de l’Opéra de Lille. Avant un concert entièrement consacré au compositeur le 17 novembre et Actéon du 5 au 9 mars, cette maison bien tenue affiche une nouvelle production de Médée créée le mois dernier au Théâtre des Champs-Elysées.


La scénographie de Jonathan Meese privilégie l’abstraction à l’exception d’une représentation de bouches, de nez et d’yeux – ceux de Claudia Schiffer et Scarlett Johansson à en croire le programme de salle. Hormis dans une scène seulement éclairée par des sortes de structures mobiles entourées de néons, le jaune domine le décor, une couleur qui évoque l’or (de la Toison bien sûr). De gros lingots, en se retournant, forment une barque dans laquelle prennent place les enfants de la magicienne. Malgré l’une ou l’autre image séduisante ou forte (croix de Malte, Médée prise en étau dans une scie circulaire), le visuel du spectacle s’avère dans l’ensemble insignifiant, pour ne pas dire désagréable. Les costumes de Jorge Jara proviennent de notre époque mais ceux des danseurs, par exemple, paraissent bien étranges en ce sens qu’ils se meuvent et se contorsionnent dans une sorte de toile semi transparente, comme si une araignée géante les avait pris au piège, à moins qu’il ne s’agisse de cocons. Pierre Audi dirige les chanteurs sans imagination – que ce jeu scénique paraît convenu et engoncé – et échoue à restituer la puissance et l’évidence dramatique de cette tragédie lyrique tant les personnages manquent de relief et de consistance.


Le bilan musical satisfait davantage, même si cette production rencontre quelques écueils, en premier lieu une diction française incertaine. Emmanuelle Haïm dirige fermement et amoureusement un Concert d’Astrée doté de cordes moelleuses et de bois savoureux mais la vitalité tend à supplanter le style. Davantage musicienne que tragédienne, Michèle Losier met sa voix profuse au service du rôle-titre mais la ligne s’effiloche à cause d’un vibrato trop accusé. Le timbre d’Anders Dahlin reste affaire de goût mais, objectivement, le chant ne répond pas aux attentes: tenue vocale par moments problématique, émission hétérogène. Ce Jason ressemble à un étudiant timoré au lieu d’un héros en quête d’exploits. Verbe haut et chant étoffé, Stéphane Degout tient son rang dans le rôle d’Oronte tandis que Laurent Naouri, qui endosse celui de Créon, livre une interprétation de belle envergure encore que la palette de couleurs manque d’étendue. Distribués dans une multitude de petits rôles, Aurélie Legay, Elodie Kimmel, Katherine Watson, Benoît Arnould ainsi que quelques choristes du Concert d’Astrée ne déparent pas le plateau. L’incarnation la plus prégnante reste sans doute celle de Sophie Karthäuser, Créuse aussi plaisante à admirer qu’à entendre: cette voix exercée et pleine de caractère vaut décidément de l’or.



Sébastien Foucart

 

 

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