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La répétition et l’ennui

Paris
Palais Garnier
10/31/2012 -  et 1er*, 2, 3, 4, 6, 7, 8, 9, 10 novembre 2012
Marie-Agnès Gillot : Sous apparence (création) (#)

Morton Feldman : Rothko Chapel: mouvements 1, 3, 4 et 5 (extraits) – Intersection I
Anton Bruckner : Messe n° 2 en mi mineur: Kyrie et Agnus Dei
György Ligeti : Continuum
Marie-Agnès Gillot (chorégraphie), Olivier Mosset (décors), Walter van Beirendonck (costumes), Madjij Hakimi (lumières), Laurence Equilbey (dramaturgie musicale)
Laëtitia Pujol, Alice Renavand, Vincent Chaillet (solistes)
Merce Cunningham : Un jour ou deux
John Cage : Etcetera
Merce Cunningham (chorégraphie), Jasper Johns (décors et costumes), Davison Scandrett (lumières), Robert Swinston, Jennifer Goggans (répétitions)
Stéphanie Romberg*/Emilie Cozette/Laurence Lafon, Florian Magnenet*/Hervé Moreau, Fabien Révillon*/Nicolas Paul (solistes)
Ballet de l’Opéra national de Paris, Ars Nova Ensemble Instrumental, accentus(#), Laurence Equilbey (direction musicale) (#), Philippe Nahon, Jérôme Polack (direction musicale)


(© Julien Benhamou/Opéra national de Paris)


A la suite de José Martinez ou Jean-Guillaume Bart, Marie-Agnès Gillot fait ses premiers pas de chorégraphe avec le Ballet de l’Opéra national de Paris. En couplant sa création Sous apparence avec une pièce de Merce Cunningham, elle se mettait délibérément sous le signe d’une certaine esthétique minimaliste.


Couleurs franches, éclairages contrastés, translations de praticables, les décors d’Olivier Mosset animent le plateau avec un sens du rythme certain, et un humour que l’on retrouve dans les sapins et les guêpes en mousse fluorescentes venant s’immiscer au milieu des danseurs sur pointes. L’étoile parisienne a voulu étendre aux hommes cet apanage de la féminité chorégraphique afin de brouiller les codifications expressives léguées par une tradition romantique et néoclassique. En cela elle se fait la digne disciple de certaines relectures modernes, jusque dans des ensembles homogènes et motoriques purgés de toute charge affective. Ce qui n’empêche pas la dramaturgie de puiser sa force expressive d’une musique choisie par Laurence Equilbey. On reconnaît à leur énergie fascinatoire les extraits de Rothko Chapel de Morton Feldman, en hommage au peintre «monochromaniaque», prélude cependant auprès du Kyrie et de l’Agnus Dei de la Deuxième Messe de Bruckner enveloppant la scène de son halo spirituel qui se dégage de l’aura sonore millimétrée du chœur de chambre accentus préparé par sa toujours excellente directrice musicale. Le recueillement de ces pages inspire des pâleurs qui emmènent loin. Condensé de polyrythmie, Continuum pour clavecin de Ligeti semble sous exploité dans ce jeu visuel où se détachent Alice Renavand, très concentrée, aux côtés d’une Laëtitia Pujol immergée dans l’atmosphère de la pièce et d’un Vincent Chaillet qui aime à tutoyer le devant de la scène.



(© Julien Benhamou/Opéra national de Paris)


Créé également à Garnier en 1973, Un jour ou deux avait fait scandale par son refus absolu de toute construction et narration. Habitué à l’hostilité des conservateurs, Merce Cunningham pousse ses principes intellectuels dans leurs retranchements. Avec son complice de toujours, le compositeur John Cage, il met en mouvement un corps de ballet tout en bleu et gris qui découvre la musique en temps réel. Etcetera n’est rien d’autre qu’un tissu d’infimes modulations amorties aux percussions d’où émergent ça et là quelques bruits de la vie courante. Il y a dans cette moiteur rythmique quelque chose d’une jungle urbaine avec ses klaxons et ses bruits de circulation assourdis ponctués de toussotements ou vagissements inopinément proches. Le hasard n’est sans doute pas total à en juger par la performance de l’ensemble Ars Nova, qui fête cette année ses cinquante ans d’existence. Un tel perpetuum sonore et chorégraphique constitue à n’en pas douter une expérience limite, aussi exigeante pour les interprètes – admirables Stéphanie Romberg et Florian Magnenet – que pour le public, dont elle met à l’épreuve la patience, trop sollicité qu’il est par une diversité incessante qui lui masque sa grisaille fondamentale et que le concept de Merce Cunningham lui révèle de trop insupportable manière. La vérité ne peut se laisser contempler de trop fixe manière sur une scène d’opéra.


Le site d’accentus
Le site d’Ars Nova Ensemble instrumental



Gilles Charlassier

 

 

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