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Sévérité

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Victoria Hall
10/12/2012 -  
Ludwig van Beethoven: Symphonie n° 8, opus 93
Dimitri Chostakovitch: Symphonie n° 14, opus 135

Ricarda Merbeth (soprano), Dimitry Ivaschenko (basse)
Orchestre de la Suisse romande, Marek Janowski (direction)


R. Merbeth


Les Symphonies de Beethoven ont peu été à l’affiche de l’OSR. Il faut remonter à l’ouverture de la saison 2008 pour que figure au programme cette même Huitième Symphonie. L’exécution de ce soir permet de retrouver les qualités bien connues de Marek Janowski : des tempi vifs, une mise en place stricte et une continuité de la ligne musicale, la seule surprise provenant au dernier mouvement (Allegro vivace) où l’équilibre privilégie bois et cuivres au détriment des cordes. A cette interprétation soignée, il manque cependant un certain humour ou tout du moins un sourire que la partition demande et que le chef refuse de célébrer au profit d’une conception plus dramatique mais qui sied mieux à la Septième ou à la Neuvième. Toscanini aurait apprécié mais l’œuvre se doit d’être plus légère.


Cette sévérité est plus de circonstance dans la Quatorzième Symphonie de Dimitri Chostakovitch. Dans son avant-dernière symphonie dédiée à son ami Benjamin Britten, le compositeur russe a ici écrit une de ses pages les plus sombres, rassemblant des poèmes évoquant la mort et, au contraire de l’Abschied du Chant de la Terre, offrant une vision résolument pessimiste. Marek Janowski avait déjà montré son affinité avec les pages ultimes du compositeur avec une exécution pleine d’autorité de sa Quinzième Symphonie il y a deux ans. Il trouve les mêmes qualités dans cette œuvre: lisibilité des plans sonores, clarté de la mise en place et refus de tout sentimentalisme. Dimitry Ivaschenko est un tout petit peu monochrome mais il trouve beaucoup de relief dans le poème d’Apollinaire évoquant son emprisonnement à la Santé. L’excellente Ricarda Merbeth évoque une Léonie Rysanek, une vraie soprano dramatique à son aise dans tous les registres de sa tessiture, capable de survoler l’orchestre sans perdre des couleurs et très émouvante dans l’avant-dernière pièce, «La Mort du poète», sur un texte de Rilke.


Victoria Hall n’était pas plein comme à son habitude. Faut-il y voir le fait que ce concert soit donné un vendredi et en milieu de semaine comme c’est souvent le cas ou que le public ait eu des réticences à affronter une œuvre aussi exigeante ? Si c’est le cas, c’est une erreur profonde, il s’agit d’une pièce rare, majeure qui devrait être bien plus souvent jouée et le public genevois a souvent montré sa curiosité pour des œuvres qui sortent des sentiers battus.


Marek Janowski continuera son parcours brucknérien pour deux concerts avec au programme la semaine prochaine la Deuxième Symphonie puis la Quatrième Symphonie la semaine suivante, lors d’un concert spécial à l’occasion de la journée des Nations Unies. Que la salle du Victoria Hall soit remplie pour ces occasions.



Antoine Leboyer

 

 

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