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Sacrées «Histoires»

Avignon
l’Opéra-Théâtre
10/03/2012 -  et 6 octobre 2012 (Versailles)
Marc-Antoine Charpentier : Le Jugement dernier – Judith ou Bethulia libérée – Le Massacre des innocents

Dagmar Saskova (dessus), Erwin Aros (haute-contre), Jean-François Novelli (taille), Arnaud Richard (basse-taille)
Les Pages, les Chantres et les Symphonistes du Centre de musique baroque de Versailles, Olivier Schneebeli (direction)




Voilà treize ans que le Festival de musique ancienne Avignon-Vaucluse, présidé par Robert Dewulf, anime la vie culturelle de la cité papale chaque année au mois d’octobre. Pour le deuxième concert, le choix de Raymond Duffaut, directeur artistique du festival, s’est porté sur trois des trente-cinq «Histoires sacrées» que Marc-Antoine Charpentier composa à la fin du XVIIe siècle : Le Jugement dernier, Judith ou Bethulia libérée, Le Massacre des innocents.


Faut-il revenir sur la singularité de ce compositeur parmi ceux du Grand Siècle? Fortement influencé par son séjour à Rome, et notamment par le grand Carissimi, Marc-Antoine Charpentier élabora une musique très italianisante, d’un superbe raffinement harmonique et expressif, sans renoncer toutefois aux caractéristiques propres à la musique française. En bon élève de Carissimi, il s’intéressa particulièrement à l’oratorio, forme musicale dans lequel il excella. Pour ce genre, qui constitue l’essentiel de son écriture théâtrale, l’opéra restant pendant longtemps la «chasse gardée» de Lully, Charpentier penchera pour le terme d’histoires sacrées: l’Historicus, acteur essentiel endossant la fonction narrative, est laissé au chœur tandis que les autres personnages (les voix solistes) chantent sous forme de récitatifs, entrecoupés par des morceaux hautement mélodiques.


Directeur musical du Centre de musique baroque de Versailles depuis plus de 20 ans, le chef français Olivier Schneebeli était à la tête des Pages, Chantres et Symphonistes du CMBV. Soulignons qu’il n’est pas un inconnu ici, puisqu’il avait dirigé en 2010, avec un succès retentissant, le magnifique Amadis de Lully. Dans chacune des Histoires, Schneebeli accomplit un travail admirable et parvient à concilier lisibilité parfaite et volubilité irrépressible.


Au sein d’une équipe très homogène, signalons le timbre lumineux, la sensibilité frémissante et la voix remarquablement projetée de la soprano tchèque Dagmar Saskova. Elle campe notamment une Judith vivante, fragile, décidée, héroïque finalement. Dans cette même «histoire», la basse Arnaud Richard offre un Holopherne aux accents riches et vigoureux. Ancien chantre lui-même, le haute-contre chilien Erwin Aros nous gratifie d’une voix pure, à la ligne souple mais capable également de beaux éclats. Mentionnons enfin le ténor Jean-François Novelli, dont le timbre est toujours aussi «accrocheur», et dont il faudra aussi louer l’homogénéité des registres et l’engagement sans faille.


Le chœur s’avère, de son côté, d’une expressivité poignante, notamment dans les déplorations des «Damnés» (Histoire I) ou celles des «Mères» (Histoire III). Le soutien instrumental est lui aussi irréprochable, de la flûte éloquente de Pierre Boragno au violon solaire de Benjamin Chénier. Et l’on s’en voudrait de ne pas insister sur un continuo aux magnifiques couleurs: celui de Fabien Armengaud, au clavecin et à l’orgue.


Signalons que le Festival s’achèvera sur le sublime Orfeo de Monteverdi, le 31 octobre prochain, toujours à l’Opéra-Théâtre d’Avignon. Donné en version scénique, le chef d’œuvre du maître de Mantoue sera dirigé par le jeune chef français Sébastien d’Hérin, qui sera à la tête de son ensemble Les Nouveaux caractères.



Emmanuel Andrieu

 

 

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