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Une Traviata « carsenisée »

Venezia
Gran Teatro La Fenice
09/02/2012 -  et 4, 5, 8, 9, 13, 15, 19, 20, 22, 26*, 28, 30 septembre 2012
Giuseppe Verdi : La traviata

Patrizia Ciofi/Jessica Nuccio*/Gladys Rossi (Violetta Valéry), Antonio Poli/Ji-Min Park* (Alfredo Germont), Giovanni Meoni/Simone Piazzola* (Giorgio Germont), Annika Kaschenz (Flora Bervoix), Marina Bucciarelli (Annina), Iorio Zennaro (Gastone, visconte di Létorières), Armando Gabba (Il barne Douphol), Luca Dall’Amico (Il dottor Grenvil), Matteo Ferrara (Il marchese d’Obigny), Ciro Passilongo/Roberto Menegazzo* (Giuseppe), Nicola Nalesso/Giampaolo Baldin* (Un domestico di Flora), Salvatore Giacalone/Massimiliano Liva* (Un commissionario)
Robert Carsen (mise en scène et lumières), Patrick Kinmonth (décors et costumes), Philippe Giraudeau (chorégraphie), Peter van Praet (lumières)
Coro del Teatro La Fenice Claudio Marino Moretti (direction du chœur), Orchestra del Teatro La Fenice, Diego Matheuz (direction musicale)


En 2004, La Fenice renaît de ses cendres avec un ouvrage qui y avait été créé quelque cent-cinquante-et-un ans plus tôt, où il avait connu un succès mitigé lors de la première, avant de conquérir à jamais le répertoire dès les représentations suivantes: La Traviata. On avait alors fait appel à un des metteurs en scène les plus prolifiques de notre temps pour régler cette réouverture, Robert Carsen. En ce début de saison où deux de ses plus éclatantes réussites retrouvent les plateaux de l’Opéra de Paris – Les Contes d’Hoffmann à Bastille et Capriccio pour Garnier – la reprise de cette production presque contemporaine de celle de l’opéra de Strauss ne satisfait pas autant.


Car Carsen y fait du Carsen, mettant en pratique son système de la mise en miroir. Reprenant les couleurs de l’épais rideau de l’institution vénitienne, la chambre de Violetta baigne dans une lumière verte, qui marquera de manière indélébile les décors de Patrick Kinmonth. Au deuxième acte, les frondaisons automnales laissent tomber des dollars qui s’amoncellent comme feuilles mortes sur le sol de cette retraite dispendieuse et inconsciente où se tiennent les amants, comme sur les moquettes de la salle de jeux dans le second tableau. La dénonciation de cette société légère gaspillant argent, temps et amour ne pouvait être plus explicite. A trop vouloir rendre visible le propos, on le vide de sa poésie, et en fin de compte de sa force et sa signification. Nul faute herméneutique ne peut être opposée au metteur en scène canadien, mais cette insistance au premier degré finirait bien par trahir l’ouvrage. Quant aux toréadors version cow-boy cuir, leurs déhanchés avec les gitanes semblent se tromper d’érogénéité – exemple de pollution fantasmatique qui ne sert guère le propos et tentent à l’affubler de vulgarité.


Aux longues séries conviennent l’alternance de casts. Après quelques soirées confiées à Patrizia Ciofi, créatrice du rôle dans cette production, Jessica Nuccio revêt robes et sous-vêtements de Violetta. Si la performance s’avère convenable, elle ne se grave pas cependant de manière durable dans la mémoire. Parfois maladroit, Ji-Min Park ne parvient pas à transsubtancier cette gaucherie en crédibilité théâtrale pour son Alfredo juvénile sans doute, mais résumé à une voix solide et banale. Le naturalisme gangrène le Germont de Simone Piazzola, passablement grisé par les ans. Annika Kaschenz campe une Flora diététique mais non légère quand Marina Bucciarelli se fait épisodique Annina. Aidés par une direction d’acteurs plutôt bien assimilée, Iorio Zannaro, Armando Gabba et Matteo Ferrara campent avec conviction leurs personnages dans la scène inaugurale – respectivement Letorières, Douphol et d’Obigny. Luca Dall’Amico assure l’essentiel en Grenvil, tandis que la figuration domestique répond présente sous les noms de Roberto Menegazzo (Giuseppe), Giampaolo Baldin (un valet de Flora) et Massimiliano Liva (un commissaire).


Le raffinement n’est pas à chercher du côté de la direction de Diego Matheuz, souvent massive et aux tutti écrasants, surlignant le drame avec tant d’excès qu’il en perd toute sa bouleversante poésie. Préparés par Claudio Marino Moretti, les chœurs se montrent à la hauteur de leur italianité. Rien de plus. Les standards n’en demandent pas davantage, les néophytes et les touristes non plus.



Gilles Charlassier

 

 

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