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Maigre bilan

Salzburg
Grosses Festspielhaus
08/14/2012 -  et 17, 19*, 25 août 2012
Georges Bizet: Carmen
Magdalena Kozená (Carmen), Jonas Kaufmann (Don José), Kostas Smoriginas (Escamillo), Genia Kühmeier (Micaëla), Christian van Horn (Zuniga), Andrè Schuen (Moralès), Christina Landshamer (Frasquita), Rachel Frenkel (Mercédès), Simone Del Savio (Le Dancaïre), Jean-Paul Fouchécourt (Le Remendado), Barbara Spitz (Lillas Pastia)
Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor, Ernst Raffelsberger (préparation), Salzburger Festspiele und Theater Kinderchor, Wolfgang Götz (préparation), Wiener Philharmoniker, Sir Simon Rattle (direction musicale)
Aletta Collins (mise en scène), Miriam Buether (décors), Gabriela Dalton (costumes), Peter Blaha (dramaturgie), Andreas Fuchs (lumières)


J. Kaufmann, M. Kozená (© Forster)


En prenant ses fonctions à Salzbourg, Alexander Pereira, le nouveau directeur du célèbre Festival, a déclaré qu’il n’y aurait dorénavant plus de reprises dans la cité de Mozart, mais uniquement de nouvelles productions. La Carmen présentée cet été va donc disparaître définitivement, ce qui est une bonne nouvelle. Créée en mars dernier, elle restera néanmoins dans les annales, non pas pour ses mérites artistiques mais uniquement pour avoir été le dernier spectacle de la Philharmonie de Berlin au Festival de Pâques de Salzbourg, manifestation fondée par Herbert von Karajan et à laquelle les musiciens berlinois ont participé chaque année sans exception. Mais les choses changent, et à partir de 2013 c’est la Staatskapelle de Dresde et son chef Christian Thielemann qui seront dans la fosse de Salzbourg à Pâques, Sir Simon Rattle et les Berlinois ayant cédé aux sirènes de Baden-Baden.


Même si le Philharmonique de Berlin a été remplacé par Vienne cet été, le constat demeure: cette production de Carmen n’est pas à la hauteur d’un grand festival. Comme on pouvait s’y attendre, la metteur en scène Aletta Collins, chorégraphe, a réglé de nombreuses scènes de danse, dont on peine cependant à comprendre ce qu’elles apportent au spectacle, si ce n’est à lui conférer une note enjouée, festive et folklorique. La direction d’acteurs est des plus sommaires. Habitué du rôle de José, Jonas Kaufmann s’en accommode parfaitement, mais le cas de Magdalena Kozená est plus problématique: pour sa première Carmen, elle reste le plus souvent les bras ballants et empruntée dans ses mouvements. Par ailleurs, les énormes décors de Miriam Buether ne sont pas des plus esthétiques. Le premier acte est situé à l’intérieur d’une manufacture de tabac très fonctionnelle, où Carmen descend en ascenseur accompagnée par un officier. Au deuxième acte, Lillas Pastia est une maquerelle qui présente des filles aux soldats fréquentant sa lugubre taverne. Frasquita et Mercédès sont des jumelles blondes faisant irrésistiblement penser aux sœurs Kessler. Le troisième acte est dominé par un immense tunnel dans lequel vont et viennent les contrebandiers. Seul le quatrième acte, une place au milieu de Séville, ravit les yeux par sa débauche de vie et de couleurs.


Vocalement, la Carmen de Magdalena Kozená laisse une impression très mitigée. Il convient néanmoins de reconnaître un grand mérite à l’interprète: son personnage n’est jamais vulgaire, mais retenu, sobre et distingué, à l’image de son chant, et son français est excellent. Mais pour le reste, est-elle véritablement Carmen? La voix est beaucoup trop claire pour un rôle aussi sombre, beaucoup trop mince, manquant de consistance et de médium, pour une salle aussi vaste, quand bien même Sir Simon Rattle ne ménage pas ses efforts pour ne pas couvrir son épouse, ce qui le contraint à une lecture certes équilibrée, mais plate. Bref, cette Carmen ressemble à une chatte, alors qu’elle devrait être une tigresse, à aucun moment elle ne dégage la complexité ni la sensualité et la volupté du personnage. Comble de malchance, l’Escamillo de Kostas Smoriginas n’a guère d’envergure. Après ses ennuis vocaux du printemps qui l’ont contraint à annuler La Walkyrie à New York et Les Troyens à Londres, Jonas Kaufmann fait son retour sur scène en grande forme, ayant visiblement recouvré tous ses moyens. Il éblouit surtout par son sens des nuances, conférant notamment au finale de "La fleur que tu m’avais jetée" des pianissimi hallucinants ainsi qu’une variété de couleurs à ses interventions du dernier acte, passant de la supplication et du désespoir à la colère la plus noire. La Micaëla idéale de Genia Kühmeier est une révélation et on saluera également la belle prestation de Jean-Paul Fouchécourt en Remendado. On l'aura compris, au final le bilan se révèle bien maigre.



Claudio Poloni

 

 

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