About us / Contact

The Classical Music Network

Salzburg

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Le romantisme selon Muti

Salzburg
Grosses Festspielhaus
08/17/2012 -  
Franz Liszt : Von der Wiege bis zum Grabe – Les Préludes
Hector Berlioz : Grande Messe Solennelle

Julia Kleiter (soprano), Saimir Pirgu (ténor), Ildar Abdrazakov (basse)
Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor, Ernst Raffelsberger (préparation du chœur), Wiener Philharmoniker, Riccardo Muti (direction)


R. Muti (© Silvia Lelli)


A Salzbourg, Riccardo Muti est chez lui. Il peut, du coup, présenter des œuvres rares à un public acquis d’avance. Un autre aurait-il rempli le grand Festspielhaus en dirigeant Du berceau à la tombe de Liszt et la Grande Messe Solennelle de Berlioz ? Grâces lui en soient donc rendues, alors qu’il pourrait se contenter des tubes du répertoire. L’association entre Liszt et Berlioz, deux figures de proue du romantisme musical, était, de plus, tout à fait légitime – alors que tant de programmes mêlent l’eau et le feu.


Qui, mieux que la Philharmonie de Vienne, avec ses cordes soyeuses et diaphanes, peut jouer ainsi « Le Berceau » ? Le chef italien n’a pas de mal à diriger l’ultime poème symphonique de Liszt comme de la musique de chambre, donnant l’impression d’être à la tête d’un orchestre de solistes. Même les soubresauts du « Combat pour l’existence » sont d’une clarté limpide : surprenante, énigmatique, prophétique surtout, la partition acquiert ici une sorte d’évidence. Les célébrissimes Préludes – aussi applaudis qu’attendus – ne perdent rien à cette direction très apollinienne, aux courbes d’une souplesse sensuelle, où le deuxième thème est joué comme du Verdi, refusant toute récupération wagnérienne. On y gagne en fluidité ce qu’on perd en tension héroïque. S’y justifie surtout le rapprochement entre les deux œuvres, puisque les Préludes ne sont que « préludes à ce chant inconnu dont la mort entonne la première et solennelle note » – on regrette même qu’ils n’aient pas été directement enchaînés, ce qui, musicalement, se justifiait tout autant.


Miraculeusement redécouverte en 1991, enregistrée par John Eliot Gardiner, la Grande Messe Solennelle créée en 1825, même si elle prolonge Cherubini ou le maître Lesueur, sonne déjà comme du Berlioz. Pas seulement parce qu’il y puisera – entre autres - pour le Te Deum ou le Requiem, pour la Fantastique ou Benvenuto : l’écriture, les couleurs, les effets portent bien l’empreinte du romantique français. Ardent défenseur de Cherubini et du premier dix-neuvième siècle, Muti aborde l’œuvre dans un esprit de néoclassicisme qui assure le lien entre le cadet et les aînés, évitant, comme pour Liszt, toute récupération anachronique. Cette approche avait d’ailleurs remarquablement éclairé, il y a cinq ans, la Fantastique et Lélio : il ne passe guère, de toute façon, pour un chef « romantique ». Il bénéficie aussi de l’excellence du chœur de l’Opéra de Vienne – entend-on souvent des sopranos chanter pianissimo dans l’aigu en donnant comme s’ils ne formaient qu’une voix ? Muti trouve surtout l’équilibre entre le spectaculaire et l’intimiste, aussi inspiré dans l’éclat que dans le recueillement. Un point faible cependant : les solistes. Si Julia Kleiter satisfait, bien qu’elle semble se ménager pour sa Pamina de l’après-midi, Ildar Abdrazakov, totalement engorgé, a du mal à projeter sa voix, à peine audible au début, et Saimir Pirgu, monochrome, ne fait que passer son chemin. Heureusement, le chœur se taille la part du lion.



Didier van Moere

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com