About us / Contact

The Classical Music Network

Saint-Céré

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Japon éternel et d’aujourd’hui

Saint-Céré
Prudhomat (Château de Castelnau)
08/03/2012 -  et 31 juillet (Aurillac), 6, 10, 13*, 17 (Prudhomat) août, 9, 11 décembre (Massy) 2012, 8 janvier (Clermont-Ferrand), 1er, 3 (Perpignan), 21 (Cahors) février, 5 (Cognac), 8 (Ettelbruck), 9 (Saint-Louis), 22 (Le Chesnay) mars 2013
Giacomo Puccini : Madama Butterfly
Sandra Lopez de Haro (Cio-Cio San), Irina de Baghy (Suzuki), Carlo Guido (B. F. Pinkerton), Flore Boixel (Kate Pinkerton), Kristian Paul (Sharpless), Eric Vignau (Goro), Yassine Benameur (Il principe Yamadori), Josselin Michalon (Lo zio Bonzo), Matthieu Toulouse (Il commissario imperiale)
Chœur et Orchestre du festival de Saint-Céré, Gaspard Brécourt (direction musicale)
Olivier Desbordes (mise en scène), Ruth Gross (décors), Patrice Gouron (lumières)


I. de Baghy, S. Lopez de Haro


Parmi les deux nouveaux spectacles lyriques à l’affiche du festival de Saint-Céré cet été figure Madame Butterfly (1904), coproduit avec l’Opéra de Fribourg où il a été présenté en janvier et février derniers. Olivier Desbordes en est le metteur en scène, comme pour La Bohème en 2010, mais la réussite de cette soirée, dans le cadre toujours aussi magique de la cour du château de Castelnau, renvoie plutôt au succès d’Eugène Onéguine l’an dernier. Car ce qui les rapproche, c’est un même souci d’éviter toute confusion entre sentiment et sentimentalisme, sans nier le mélodrame, ce qui serait impossible et contre nature, mais en se refusant à le surligner.


Le résultat est d’autant plus aisément atteint que le travail sur le livret, dont le public peut désormais mieux profiter grâce au surtitrage (hélas encore un peu rudimentaire), met en lumière sa signification historique et politique en même temps que sa nature intemporelle. C’est le choc des civilisations, la modernité face à la tradition, l’Occident face à l’Orient, l’Amérique du Coca-Cola et du Stars and Stripes Forever (que la partition cite d’ailleurs abondamment) face aux traditions ancestrales du Japon – la couleur locale n’est pas du tout éludée, ne serait-ce qu’à travers les costumes (kimonos, obis, ombrelles), mais avec le minimum de recul nécessaire qu’autorise la fantaisie introduite dans ceux du chœur.


Japon de toujours, mais aussi Japon d’aujourd’hui, d’après Hiroshima – le grand réfrigérateur côté jardin en témoigne – et même d’après Fukushima – l’ours en peluche gisant par terre, la petite maison de guingois au fond d’une rue éclairée par deux réverbères (décor unique conçu par Ruth Gross) et sa femme impassible en tenue traditionnelle, ce sont les images du tsunami de 2011 qui reviennent en mémoire. Fragilité d’un pays qui est aussi celle de l’héroïne, de son rêve fondé sur des bases qui se révèlent aussi fragiles qu’illusoires. Pas de mélo, non plus, grâce à une direction d’acteurs à la fois aussi naturelle que possible et toujours en éveil – aucun regard, aucun geste n’est laissé au hasard – et grâce à un réalisme faisant office de garde-fou, jusqu’au trivial et au sordide – Pinkerton distribuant ses dollars, Sharpless se livrant au whisky – mais sans vulgarité.


La partie musicale est à la hauteur de l’enjeu, avec un orchestre mobilisé et coloré comme rarement, sous la direction du jeune Gaspard Brécourt et, surtout, une distribution dépourvue du moindre point faible, jusqu’à Eric Vignau en Goro, un rôle qui semble avoir été écrit pour lui. Malgré un aigu sans doute moins séduisant et précis que le reste de sa tessiture, l’Américaine Sandra Lopez de Haro est admirablement investie dans son personnage. Sans jamais forcer, le Pinkerton de Carlo Guido est idéal de jeunesse et de rayonnement et, comme Kristian Paul, Sharpless exemplaire de style et d’exactitude, fait partie de ces chanteurs que Saint-Céré s’honore de mettre en valeur. Quant à la Canadienne Irina de Baghy (née en 1981), elle offre en Suzuki une incarnation scénique aussi parfaite scéniquement que vocalement.


Le site de Sandra Lopez de Haro



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com