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Place aux jeunes

La Roque
Parc du château de Florans
08/07/2012 -  
Muzio Clementi : Sonate en si mineur, opus 40 n° 2
Frédéric Chopin : Préludes, opus 28

Beatrice Rana (piano)


B. Rana (© Christophe Grémiot)


Place aux jeunes, comme toujours à La Roque d’Anthéron, et même aux tout jeunes, avec Beatrice Rana (née en 1993), qui, alors qu’elle n’a pas encore 20 ans, possède d’ores et déjà à son actif un premier prix au concours musical international de Montréal (2011).


L’Italienne a bien fait de choisir l’une des soixante sonates de son compatriote Clementi: s’il fut moqué par Debussy dans son «Docteur Gradus ad Parnassum» et par Satie dans sa Sonatine bureaucratique, le compositeur mérite cependant une place un peu plus grande que celle qui lui est aujourd’hui concédée. La structure de sa Sonate en si mineur, deuxième des trois de l’Opus 40 (1802), se révèle ainsi particulièrement originale: après un classique allegro (con fuoco et con espressione) de forme sonate précédé d’une assez vaste introduction lente, le second mouvement fait alterner un Largo mesto e patetico avec un Allegro puis un Presto. L’interprétation en accentue le caractère de fantaisie et, avec force soupirs et ralentis, le romantisme, ce qui se justifie dans cette musique qui jette un pont entre le Haydn de la période Sturm und Drang et le premier Beethoven. Toutefois, même si l’on retrouve avec plaisir le parc du château de Florans, malgré les cigales et le vent dans les arbres, le lieu n’est sans doute pas le plus approprié pour cette œuvre de caractère essentiellement intimiste, d’autant que le jeu de la pianiste se cantonne volontiers au ton de la confidence.


Le son ne se projette pas beaucoup plus dans les vingt-quatre Préludes de l’Opus 28 (1839) de Chopin, même dans le tumultueux Vingt-quatrième. Beatrice Rana demeure trop souvent prudente, sage et droite, parfois même raide (Dix-neuvième), comme si elle passait encore un concours: le Vingt-deuxième, par exemple, ne manque pas de fougue, mais le cantabile du Vingt-et-unième ne s’exprime guère et l’interprétation ne va pas toujours plus loin que souligner le texte de façon un peu simpliste (Quatrième, où le premier temps se fait souvent attendre, Vingtième, jouant sur les nuances dynamiques), restant en deçà du potentiel expressif de ces pièces (Quatorzième), même dans le fameux Quinzième («La Goutte d’eau»), pour ne s’affirmer et se débrider que rarement (Dix-huitième). Mais la main gauche est légère et agile (Troisième), la main droite aussi (Huitième, Dixième, Seizième), et la technique n’est jamais prise en défaut, ce que confirment les deux bis, «Pour les huit doigts», sixième des Etudes (1915) de Debussy et la Première (en ut mineur) des neuf Etudes-tableaux de l’Opus 39 (1916) de Rachmaninov.



Simon Corley

 

 

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