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Olympiade pianistique

Paris
Orangerie du Domaine de Sceaux
07/20/2012 -  
Johann Sebastian Bach : Prélude et Fugue en la mineur, BWV 543 (transcription Franz Liszt)
Frédéric Chopin : Sonate n° 2, opus 35
Ludwig van Beethoven : Sonate n° 23 «Appassionata», opus 57

Khatia Buniatishvili (piano)




L’été n’est pas encore arrivé mais le festival de l’Orangerie de Sceaux, du 15 juillet au 9 septembre, est fidèle au rendez-vous. La quarante-troisième édition propose de nouveau un cocktail parfaitement éprouvé, celui qui associe les vedettes d’aujourd’hui (Henri Demarquette, Philippe Graffin, François-Frédéric Guy, Juliette Hurel, Laurent Korcia, Roger Muraro, Jean-Frédéric Neuburger, Christian Ivaldi et Jean-Claude Pennetier, les quatuors Casals, Ebène, Fauré, Prazák et Rosamonde...) à celles de demain (le pianiste Guillaume Coppola, le violoncelliste Edgar Moreau, le Trio Dali, le Quatuor Hermès...). Pour le reste, Jacqueline Loewenguth, directrice du festival, a introduit quelques menues innovations, principalement à destination des petits – quatre ateliers d’arts plastiques et deux ateliers multimédia destinés à occuper les 6-14 ans pendant que leurs parents assistent au concert – mais aussi des grands: à la tombée de la nuit, à l’issue des trois soirées du vendredi (qui s’ajoutent aux traditionnels samedis et dimanches après-midi), le musée de l’Ile-de-France invite à une visite libre et gratuite du rez-de-chaussée du château (XIXe), qui abrite ses collections.



K. Buniatishvili (© Esther Haase)


Le premier de ces trois vendredis marque le retour à l’Orangerie, après des débuts remarqués l’été dernier, de Khatia Buniatishvili. Parisienne d’adoption depuis avril 2011, la pianiste géorgienne, qui vient tout juste de fêter ses vingt-cinq ans, a vu sa carrière s’accélérer avec son entrée chez Sony. Elle vient d’y publier un disque intégralement consacré Liszt et comprenant notamment la transcription (1850) du Prélude et Fugue en la mineur de Bach, par laquelle elle ouvre son récital scéen: l’abus de pédale sacrifie la clarté des voix au profit d’un legato presque permanent, d’un discours fluide et d’une sonorité ronflante, comme s’il s’agissait d’évoquer l’orgue de la version originale.


Dans la Deuxième Sonate (1839) de Chopin, comme en début de saison à l’Orchestre de Paris dans le Premier Concerto, la technique, la puissance, la couleur impressionnent, mais il n’est pas toujours aisé de savoir à quel escient ces armes redoutables sont employées. Ainsi la vitesse tend-elle à se confondre avec la précipitation, au détriment de l’articulation: si le Doppio movimento initial y gagne peut-être en urgence, le Finale en devient excessivement confus. De même, la théâtralisation extrême du propos, à base de forts contrastes de tempo et de nuances dynamiques, finit davantage par trahir une posture que révéler une pensée: fragmenté, le premier mouvement tient plus de la ballade que de la forme sonate, tandis que les rafales de notes du Scherzo sont suivies d’un Trio aux sonorités moelleuses et à l’expression pâmée. Avec sa tendance au tape-à-l’œil ou au tapageur, ce piano évoque trop souvent Liszt ou Rachmaninov que Chopin: dans la «Marche funèbre», la pesanteur hallucinée tient même de «Bydlo» des Tableaux d’une exposition de Moussorgski, même si la section centrale paraît opportunément plus dépouillée.


La Vingt-troisième Sonate «Appassionata» (1805) de Beethoven demeure dans le même caractère, avec un Allegro assai survolté au point d’en devenir parfois fantastique, suivi d’un Andante pas très con moto, entre douceur et suavité, et d’un Allegro pas non troppo du tout, spectaculaire déferlement de doubles croches. Retour à Chopin pour les deux premiers bis – le Quatrième (en mi mineur) des Préludes de l’Opus 28 (1839) puis la Deuxième (en ut dièse mineur) des trois Valses de l’Opus 64 (1847), raide et hâtive – avant le Precipitato final de la Septième Sonate (1942) de Prokofiev, surenchère de décibels et de virtuosité.


«Plus vite, plus fort», le public est sans doute encore plus sensible qu’à l’accoutumée, en cette période, à l’esprit olympique et redouble donc ses applaudissements. Khatia Buniatishvili accorde donc un quatrième bis, un arrangement à la Nyman d’une mélodie populaire géorgienne, Ne m’aimes-tu pas?, puis elle revisite complètement le Rêve d’amour de Liszt, comme en septembre dernier à Pleyel quoique de façon un peu plus raisonnable dans son dosage d’intuitions fulgurantes et de complaisance éhontée. Enfin, elle est rejointe par sa sœur aînée Gvantsa pour un nerveux Libertango de Piazzolla arrangé à quatre mains, qui provoque l’inévitable et prévisible ovation debout.


Le site du festival de l’Orangerie de Sceaux
Le site du Domaine de Sceaux
Le site de Khatia Buniatishvili



Simon Corley

 

 

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