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Un portrait de Marie Jaëll

Lille
Opéra
06/09/2012 -  
Gabriel Fauré : Ballade pour piano et orchestre, opus 19
Francis Poulenc : Aubade
Marie Jaëll : Concertos pour piano n°1 et n°2

Jean-Claude Pennetier, Romain Descharmes, Emmanuel Strosser, David Violi (piano)
Orchestre national de Lille, Joseph Swensen (direction)




Ces 8, 9 et 10 juin, la neuvième édition du Lille Piano(s) Festival rend bien sûr hommage à Claude Debussy (1862-1918) mais aussi à John Cage (1912-1992). Toutefois, la programmation ne se limite pas à eux et c’est donc essentiellement de la musique française qu’interprètent les nombreux musiciens qui se produisent dans la capitale nordiste ce week-end. Impossible d’ailleurs de tous les entendre tellement l’offre est riche et aussi parce que la plupart des concerts se succèdent étroitement voire se chevauchent. A chacun de faire son marché en fonction de ses goûts (classique, jazz), de ses affinités avec tel ou tel pianiste (inutile de tous les citer), du lieu qu’il préfère fréquenter (Opéra, Conservatoire, Théâtre du Nord, etc.) ou, tout simplement, du temps dont il dispose. Pour brasser les publics, le festival prévoit des activités pédagogiques pour les plus petits et des master classes dont une assurée par l’infatigable Aldo Ciccolini qui se produit également en récital à l’Opéra le dimanche en fin d’après-midi.


Organisateur du festival, l’Orchestre national de Lille, dirigé par l’incontournable Jean-Claude Casadesus, ouvre et clôt cette série de concerts en accompagnant Francesco Piemontesi et Claire-Marie Le Guay dans, respectivement, les Concertos en sol et pour la main gauche de Ravel. Le samedi après-midi, il accompagne pas moins de quatre pianistes à l’occasion de deux concerts d’une heure, le premier à 17 heures, le second à 19 heures. La Ballade (1879) de Fauré compte parmi ces œuvres concertantes pour piano trop courtes pour être exécutées sans complément et donc, finalement, assez rares au concert, comme les Variations symphoniques de Franck, le Burlesque de Strauss ou encore le Konzertstück de Weber. Avant un récital Debussy-Ohana le lendemain, Jean-Claude Pennetier concilie rigueur de la construction et sentiment d’improvisation en même temps qu’il développe une sonorité pure et un jeu à la fois décidé et flexible. Conduit par Joseph Swensen, l’orchestre manque en revanche de raffinement et de précision – bois peu inspirés, cordes inconsistantes. Le second concert débute par Aubade (1929) de Poulenc avec cette fois Emmanuel Strosser qui venait de jouer du Chabrier et du Debussy en début d’après-midi au Conservatoire : interprétation ferme, vive et mouvementée, niveau instrumental simplement correct, pianiste imperturbable et infaillible.



Marie Jaëll


L’intérêt premier de ce double concert réside toutefois en un portrait de Marie Jaëll (1846-1925), une initiative soutenue – comment pourrait-il en être autrement de nos jours ? – par le Palazzetto Bru Zane et d’autant plus étonnante qu’elle ne coïncide avec aucun anniversaire particulier. Les spectateurs soucieux d’en connaître davantage à son sujet devaient se renseigner avant de se rendre à Lille ou assister, s’ils en avaient la possibilité, à la petite conférence organisée dans la rotonde de l’Opéra à 16 heures ce jour-là car le programme reste absolument muet sur cette pianiste, pédagogue (méthode encore employée) et compositeur – en revanche, bien sûr, les musiciens ont droit à une notice biographique. En s’aidant de la partition, Romain Descharmes défend le Premier Concerto (1877), dédié à Saint-Saëns comme d’ailleurs la Ballade de Fauré. L’influence du dédicataire est perceptible mais sans doute plus encore celle de Liszt que cette femme interpréta abondamment et qu’elle côtoya de près.


Sans constituer une déception, force est de reconnaître que cette œuvre assez peu concise, voire bavarde par moments, ne marque guère les esprits : musique assez masculine, robuste mais pauvre en couleurs, quasiment dépourvue de thèmes marquants et lourdement orchestrée au point que le bis, une Barcarolle de Fauré, apporte un peu de répit. Interprété avec panache par David Violi, qui a le mérite de ne pas recourir à la partition, et enchaînant cette fois les trois mouvements, le Second (1884), dédié à Eugen d’Albert, se hisse un cran au-dessus : plus de relief, formules moins convenues (encore que...), mais toujours ce ton lisztien, ce caractère plus germanique que français et cette impression qu’un gouffre sépare, décidément, le génie du talent. Pour se forger une opinion à tête reposée, mieux vaut donc attendre la publication de l’enregistrement que l’orchestre doit en principe réaliser en septembre, avec l’espoir qu’il aura d’ici-là le temps de s’approprier plus intimement ces deux ouvrages.


Le site du Lille Piano(s) Festival
Le site de l’Orchestre national de Lille
Un site consacré à Marie Jaëll



Sébastien Foucart

 

 

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