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Cléopâtre, Reine de Salzbourg

Salzburg
Felsenreitschule
05/27/2012 -  
Jules Massenet: Cléopâtre
Sophie Koch (Cléopâtre), Ludovic Tézier (Marc-Antoine), Sandrine Piau (Octavie), Benjamin Bernheim (Spakos), Mariangela Sicilia (Charmion), Omar Montanari (Ennius), Jean-Luc Ballestra (Amnhès/Une voix), Biagio Pizzuti (L’esclave de la porte/Un esclave), Gezim Myshketa (Sévérus)
Salzburger Bachchor, Alois Glassner (préparation), Mozarteumorchester Salzburg, Vladimir Fedoseyev (direction musicale)


(© Hans Jörg Michel)


Durant le week-end de Pentecôte, tous étaient à ses pieds à Salzbourg, qu’il s’agisse de Jules César ou de Marc-Antoine: Cléopâtre, la légendaire Reine d’Egypte, était la figure emblématique de l’affiche 2012 du Festival, désormais placé sous la houlette de Cecilia Bartoli. La programmation valait le détour non seulement pour un Giulio Cesare au plateau vocal exceptionnel, mais aussi pour la très rarement représentée Cléopâtre de Jules Massenet. Curieusement, c’est en Autriche qu’il a fallu se rendre pour découvrir cette œuvre magnifique, la France, sauf erreur, ne daignant même pas la programmer en cette année où l’on commémore pourtant les 100 ans de la mort du compositeur.


Massenet commença la composition de Cléopâtre en 1911 et termina la partition en juin 1912, soit deux mois avant sa mort. L’œuvre vit le jour à l’Opéra de Monte-Carlo le 23 février 1914. La création parisienne eut lieu en octobre 1919, au Théâtre-Lyrique du Vaudeville. Aussi étrange que cela puisse paraître, l’opéra ne fut ensuite plus jamais représenté, jusqu’au Festival Massenet de Saint-Etienne en 1990.


Pour cette unique représentation en version concertante, Salzbourg a pu réunir une distribution entièrement francophone, du moins pour les rôles principaux. En Reine d’Egypte, Sophie Koch évolue de la subordonnée docile et soumise, lorsqu’elle rencontre pour la première fois Marc-Antoine, à la femme tentatrice et voluptueuse, pleinement consciente de ses charmes et de ses pouvoirs. Son chant expressif et ses graves sensuels et capiteux font merveille dans le célèbre «J’ai versé le poison». Mais c’est la scène finale de sa mort – bouleversante – qui restera longtemps gravée dans la mémoire des spectateurs, avec une succession de «J’ai froid, j’ai froid» littéralement glaçants. Ludovic Tézier incarne un Marc-Antoine au chant noble et racé, avec un legato impeccable. Tout au plus pourrait-on regretter un certain manque d’expressivité, qui donne l’impression que l’interprète chante tout sur le même ton. La douce Octavie de Sandrine Piau, remplaçant Véronique Gens, séduit par sa voix claire et transparente, qui paraît néanmoins un peu légère pour le rôle. La révélation de la soirée a été le Spakos aux accents lumineux de Benjamin Bernheim. Ce jeune ténor longtemps en troupe à Lausanne puis à Zurich a enfin eu la chance de donner la pleine mesure de son immense talent. Il ne fait aucun doute que son nom deviendra bientôt familier pour tous les mélomanes. Une mention spéciale est à décerner au chœur, qui a très bien travaillé sa diction française. Dans la fosse, Vladimir Fedoseyev s’en est donné à cœur joie dans les nombreux passages martiaux de la partition, mais il a su également restituer toute la finesse de l’œuvre, son atmosphère fin de siècle, ses chromatismes aux couleurs de l’Orient, ainsi que sa douce mélancolie et sa sensualité. Un spectacle enivrant pour une belle découverte.



Claudio Poloni

 

 

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