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Bravo Maestro Carella !

Toulon
Opéra
05/11/2012 -  et 13, 15* mai 2012
Giuseppe Verdi : Otello

Marius Vlad (Otello), Hiromi Omura (Desdemona), Alberto Mastromarino (Iago), Stanislas de Barbeyrac (Cassio), Nona Javakhidzé (Emilia), Frédéric Caton (Lodovico), Giorgio Trucco (Roderigo), Nika Guliashvili (Montano)
Chœur de l’Opéra de Toulon, Christophe Bernollin (Chef de chœur), Orchestre de l’Opéra de Toulon, Giuliano Carella (direction musicale)
Giulio Ciabatti (mise en scène), Pier Paolo Bisleri (décors), Chiara Barichello (costumes), Iuraj Saleri (lumières)


M. Vlad, H. Omura (© Frédéric Stéphan)


Proposée en clôture de sa saison 2011-2012, cette production d’Otello, importée de Trieste, vaut avant tout pour sa distribution, le travail scénique s’avérant, quant à lui, par trop conventionnel. Dans un décor unique aux dominantes grises, parfaitement fonctionnel mais un peu froid, Giulio Ciabatti a ainsi conçu une mise en scène dictée par la logique, un peu extérieure sans doute, et dont le souci premier est à l’évidence la lisibilité. Dans de beaux costumes parfaitement réalistes, il n’est pas question de se perdre en recherches expressives. C’est surtout du côté des masses que la gestuelle paraît sommaire, la direction d’acteurs se faisant plus naturelle avec les solistes.

Dans le rôle du Maure de Venise, le ténor roumain Marius Vlad est une bonne surprise. Il a véritablement la voix d’Otello, sombre, chaleureuse, sûre, arrogante dans l’aigu et robuste dans le médium, la diction et la tenue musicale s’affirmant par ailleurs probantes. Tout juste lui manque-t-il encore le sens du legato, un phrasé plus soigné et un accent plus authentiquement verdien, qui lui permettraient d’éviter le piège de l’emphase et de la boursuflure dans la déclamation. La soprano japonaise Hiromi Omura est une Desdemona royale, à la ligne savamment contrôlée, surtout dans un mémorable air du Saule. Son beau lirico, que nous avions découvert dans la Comtesse des Noces de Figaro la saison dernière à Nancy, ne possède néanmoins pas encore la puissance exigée par le duo «Dio ti giocondo», dans lequel nous avons également relevé quelques ruptures dans les changements de registre. Mais la sensualité troublante de son émission moirée et son engagement scénique, passionné et émouvant, en font une grande Desdemona.


Le timbre de l’Italien Alberto Mastromarino manque de cet éclat et de cette noirceur qu’on est en droit d’attendre d’un grand Iago. Il joue le traître sur le mode retenu, avec classe et bonhommie, mais reste une pointure en dessous du rôle, au point d’en faire presque un second père Germont. Stanislas de Barbeyrac, jeune ténor français dont nous suivons attentivement la carrière, confirme l’évolution positive d’un chanteur dont l’émission gagne toujours plus en stabilité et en puissance, tout en conservant une souplesse fluide sur l’étendue de la tessiture.


Le chœur, comme d’habitude admirablement préparé par Christian Bernollin, fait montre d’une virtuosité impressionnante, qui lui permet d’aborder le long finale du III, sans fléchissement rythmique ni intonation fautive. Enfin, à la tête d’un excellent Orchestre de l’Opéra de Toulon, Giuliano Carella enchante une fois de plus nos oreilles, avec un modelé exemplaire des passages les plus complexes de la partition. La différenciation des motifs instrumentaux pendant la tempête, les échanges entre les vents pendant le «Fuoco di gioia», le rythme faussement burlesque du Brindisi ressortent ainsi de manière saisissante. On gardera en mémoire l’accompagnement de l’air du Saule, trop souvent transformé en pensum certaines soirées, pour une lecture d’ensemble parmi les plus aboutie et enthousiasmante que nous ayons entendu dans cet ouvrage.



Emmanuel Andrieu

 

 

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