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Vieille école

Paris
Salle Gaveau
05/14/2012 -  
Franz Schubert : Sonate n° 16, D 784
Frédéric Chopin : Ballade n° 4, opus 52 – Quatre Mazurkas, opus 30 – Scherzo n° 3, opus 39
Robert Schumann : Davidsbündlertänze, opus 6
Franz Liszt : Erster Mephisto-Walzer

Eugen Indjic (piano)


E. Indjic


Il y a quelque chose d’anachronique dans le jeu d’Eugen Indjic (né en 1947). Comme un parfum de vieille école, une authenticité héritée du grand Arthur Rubinstein, dont il reçut les conseils et fut l’ami (il remporta même le deuxième prix – derrière Emanuel Ax – du tout premier concours Rubinstein à Tel-Aviv en 1974). On retrouve chez le Franco-Américain cette élégance altière, cette concentration un rien hautaine, ce toucher objectif et hautement affirmatif qui évoquent immanquablement le pianiste polonais. La franchise de l’interprétation provient tout à la fois d’un jeu direct et véhément – ne refusant pas la fureur (comme à la fin de Sonate en la mineur de Schubert ou dans une Première Méphisto-Valse de Liszt plus proche d’Horowitz que de Bolet) – et d’une sonorité avare en nuances, concentrée autour du mezzo forte et du forte. Surtout, on admire la concentration de l’interprète dans Schubert (dont les mouvements sont enchaînés avec une rare cohérence) et dans Chopin, vécu dans toute son intensité. La Dernière Ballade (davantage peut-être que le Troisième Scherzo) comme les Quatre Mazurkas de l’Opus 30 (ou la Troisième de l’Opus 7, donnée en bis) frappent par leur sincérité et leur véracité.


La rareté des nuances est plus gênante dans Schumann et donne des Danses des compagnons de David une image décousue et «brute de décoffrage»: en à peine plus de vingt minutes, ce Schumann – auquel font défaut un toucher plus subtil et une conception plus élaborée – manque singulièrement de clairs-obscurs. La fatigue n’arrangeant rien aux choses, Eugen Indjic ne parvient pas systématiquement à dompter son instrument: la finition des phrasés, la régularité des valeurs, l’articulation et le doigté ne sont pas toujours impeccables. Quant à l’épaisseur de la frappe, elle n’évite pas – ainsi qu’on le constatait dans un disque récent – une certaine trivialité du propos, ou du moins une monotonie qui n’est que la contrepartie du refus de l’originalité à tout prix. L’authenticité de ce piano n’empêche pourtant pas l’émotion de gagner la salle (conquise et par ailleurs bien remplie) et de confirmer la valeur sûre que représente Eugen Indjic.


Le site d’Eugen Indjic



Gilles d’Heyres

 

 

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