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Les bonheurs de Sophie

Geneva
Grand Théâtre
05/09/2012 -  et 11, 13, 16, 18, 20 mai 2012
Ambroise Thomas: Mignon

Sophie Koch (Mignon), Paolo Fanale (Wilhelm Meister), Diana Damrau (Philine), Nicolas Courjal (Lothario), Carine Séchaye (Frédéric), Emilio Pons (Laërte), Frédéric Goncalves (Jarno)
Chœurs du Grand Théâtre de Genève, Ching-Lien Wu (préparation), Orchestre de la Suisse Romande, Frédéric Chaslin (direction musicale)
Jean-Louis Benoît (mise en scène), Laurent Peduzzi (décors), Thibaut Welchlin (costumes), Dominique Bruguière (lumières), Philippe Venturini (reprise des lumières),
Lionel Hoche (chorégraphie)
Production de l'Opéra Comique de Paris


(© GTG/Yunus Durukan)


Mignon débarque à Genève dans la production qui avait fait les beaux soirs de la Salle Favart en avril 2010. La partition d’Ambroise Thomas, sa place dans l’histoire de la musique et le spectacle conçu par Jean-Louis Benoît ayant déjà été analysés en détail et avec pertinence dans ces colonnes, nous ne reviendrons pas ici sur ces aspects. Il faut toutefois commencer par signaler que les mélomanes genevois ont été nombreux à profiter de l’entracte pour quitter définitivement la salle et on ne peut que regretter ce manque de curiosité. Certes, l’œuvre en soi – mis à part quelques airs – n’est pas des plus bouleversantes, avec son caractère délicieusement suranné, et le spectacle n’est pas des plus aboutis, mais le Grand Théâtre a su réunir une distribution vocale alléchante, qui fait de ce Mignon l’un des temps forts de la saison.


Même si elle donne l’impression de se ménager quelque peu en début de soirée en prévision de son grand air final («Je suis Titania») ou en raison de sa grossesse avancée, Diana Damrau irradie le plateau de sa fougue en Philine espiègle et coquette. Surmontant avec une aisance déconcertante les vocalises les plus périlleuses, elle offre un véritable feu d’artifice vocal. Qui plus est, sa diction française est irréprochable. Dans le rôle-titre, Sophie Koch réussit parfaitement la métamorphose du personnage, qui passe de l’enfant méfiant et androgyne à la femme qui découvre l’amour en même temps que son pouvoir de séduction. Malgré plusieurs notes qui la mettent en difficulté, elle séduit par son chant tout en nuances et la chaleur de son timbre rond et sombre, un vrai bonheur. Si Paolo Fanale n’emporte pas totalement l’adhésion en Wilhelm Meister, c’est surtout en raison de son accent, particulièrement prononcé dans les (nombreux) dialogues parlés. Vocalement en revanche, il a pour atout une belle voix claire, au timbre juvénile et élégant. La voix profonde aux accents gutturaux de Nicolas Courjal confère à la fois prestance et mystère au personnage de Lothario. Une mention spéciale est à décerner au truculent Frédéric de Carine Séchaye, qui réussit l’exploit de faire de chacune de ses courtes scènes un grand moment de la soirée. Dans la fosse, Frédéric Chaslin sait rendre toute la finesse et la délicatesse de la partition de Thomas. Les interventions des instruments solistes (notamment percussion, harpe et bois) sont toutes parfaitement maîtrisées. Pour une bonne partie du public genevois, ce spectacle restera comme une belle découverte.



Claudio Poloni

 

 

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