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Debussy et l’Espagne

Paris
Salle Pleyel
05/13/2012 -  et 11 (Chelles), 12 (Longjumeau), 15 (Saint-Germain-en-Laye), 16 (Sartrouville) mai 2012
Claude Debussy : Images: «Iberia» – Etudes (Second Livre): «Pour les sonorités opposées», «Pour les notes répétées» et «Pour les accords» (orchestration Michael Jarrell)
Manuel de Falla : Noches en los jardines de Espana
Joaquín Turina : Sinfonia sevillana, opus 23

Alexandre Tharaud (piano)
Orchestre national d’Ile-de-France, Enrique Mazzola (direction)


E. Mazzola (© Martin Sigmund)


L’Orchestre national d’Ile-de-France s’arrête à Pleyel pour présenter un programme qu’il donne au total à cinq reprises dans quatre des huit départements de la région: esthétiquement et chronologiquement homogène, il est intitulé «Andalucía» et associe à Debussy, à l’honneur cette année comme on le sait, deux compositeurs ibériques qu’il a indéniablement influencés. Il faut sans doute déjà y voir la patte du futur directeur musical, Enrique Mazzola, qui succèdera à compter de la rentrée prochaine à Yoel Levi, «chef principal» depuis 2005.


L’Espagnol, arborant son indéfectible monture de lunettes rouge assortie à sa non moins habituelle chemise, entame le voyage avec la deuxième des Images (1908), «Iberia», passionnée, d’une lumière éclatante dans «Par les rues et par les chemins», d’une excitation impatiente dans «Le Matin d’un jour de fête», mais manquant de demi-teintes pour le nocturne central («Les Parfums de la nuit»), qui reste un peu trop cantonné à une sensualité superficielle à la Respighi. Malgré une mise en place tout à fait satisfaisante, l’accueil du public manque de chaleur.


Quatrième (et dernière) apparition des Nuits dans les jardins d’Espagne (1915) de Falla cette saison à Paris: après Anne Queffélec, Jean-Claude Pennetier et Daniel Barenboim, lui aussi dans le cadre d’une soirée franco-espagnole, c’est Alexandre Tharaud qui ferme la marche. Tandis que Mazzola exprime tout l’intense romantisme de l’œuvre, le pianiste français ne tire pas la couverture à lui, dans ce triptyque qui ne renonce pas pour rien à s’intituler «concerto», et obtient sur son Yamaha des rondeurs auxquelles il ne nous avait pas habitués, lui dont le jeu est d’ordinaire nettement plus articulé. Et l’Espagne demeure l’une de ses destinations musicales favorites, comme il le montre en bis, toujours partition sous les yeux, avec son cher Scarlatti (un Napolitain qui s’était exilé au Portugal puis à Madrid, Aranjuez et Séville), auquel il a récemment consacré un disque, dans la Sonate en ré mineur K. 141 (1750), avec ses reprises, d’une totale liberté dans l’improvisation.


Etrange défi que celui que s’est lancé Michael Jarrell (né en 1958) en orchestrant trois des six Etudes (1915) du Second Livre de Debussy – pas grand-chose d’espagnol au demeurant dans ces pièces, sinon que c’est Jesus Lopez Cobos qui a dirigé en 1992 à Lausanne la création de leur version orchestrale. Le compositeur suisse, bien que disant être parti de l’effectif orchestral de Jeux, ne fait appel qu’à un orchestre classique (bois, cors et trompettes par deux, timbales), simplement complété par une harpe, un célesta et des percussions. Mais il s’est piqué au jeu plus ravélien que debussyste du «mensonge vrai» qui fait de l’orchestration une forme d’interprétation et qui vise finalement à «réinventer [l’original] tel qu’il aura été»: le résultat ne déçoit pas, sinon dans les sections rapides de «Pour les accords», trop massives et exotiques.


Plus rare que La Prière du torero ou même les Danses fantastiques (que Rafael Frühbeck de Burgos dirigera en avril prochain à Pleyel), la Symphonie sévillane (1920) de Turina, hommage de l’auteur à sa ville natale, n’est pas davantage une symphonie que les Nuits dans les jardins d’Espagne ne sont un concerto, offrant comme elles une succession de trois tableaux évocateurs de la capitale andalouse. Mais le rapprochement avec Falla, sans même mentionner Ravel (Rapsodie espagnole) ou Debussy («Iberia»), n’est pas à l’avantage de ces pages certes gorgées de soleil et bien défendues par Mazzola mais n’évitant cependant pas toujours les clichés «couleur locale» – castagnettes de rigueur – et ne brillant pas par la finesse de l’instrumentation.


Le site de Michael Jarrell
Le site d’Enrique Mazzola
Le site d’Alexandre Tharaud



Simon Corley

 

 

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