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Entre deux tournées

Paris
Salle Pleyel
05/12/2012 -  
Claude Debussy : Prélude à l’après-midi d’un faune
Franz Liszt : Concerto pour piano n° 2
Hector Berlioz : Symphonie fantastique, opus 14

Jean-Yves Thibaudet (piano)
Orchestre national du Capitole de Toulouse, Tugan Sokhiev (direction)


T. Sokhiev (© Patrice Nin)


Parmi les formations de région, l’Orchestre national du Capitole de Toulouse est certainement celui dont les Parisiens ont, année après année, le plus souvent la chance d’apprécier les qualités, en particulier depuis que Tugan Sokhiev, toujours très populaire dans la capitale, en est devenu le premier chef invité (2005) puis le directeur musical (2008): pas moins de quatre visites cette saison à Pleyel, la dernière venant à l’issue de cinq concerts en Allemagne et avant six concerts en Amérique Latine.


Structuré de façon on ne peut plus classique, le programme, en grande partie identique à celui qui avait été donné au Théâtre des Champs-Elysées en mai 2006, débute par le Prélude à l’après-midi d’un faune (1894). Comme il y a six ans, le chef russe adopte un tempo très alangui et ne se refuse pas à des ralentis langoureux en fin de phrase, mais la réalisation, assise sur un opulent tapis de cordes, n’en est moins luxueusement soignée.


Au cours de la tournée allemande, l’orchestre devait jouer avec Denis Matsuev, finalement remplacé par Boris Giltburg et David Fray, mais à Paris, c’est Jean-Yves Thibaudet qui se joint aux Toulousains. Rejoignant le clavier à grandes enjambées, il ne fait qu’une bouchée du Second Concerto (1839/1849) de Liszt, une œuvre à la mesure de ses moyens démesurés, même s’il fait ici davantage preuve d’aisance que de perfection. Libre et fantasque jusqu’à flirter avec l’esbroufe et le cabotinage, le discours progresse plus par à-coups que dans la continuité, mais il est difficile de résister à cet enthousiasme un peu échevelé, d’autant que l’orchestre joue pleinement le jeu. Le pianiste annonce en bis la Troisième des six Consolations (1850), à laquelle il confère la légèreté et la souplesse d’une barcarolle.


Par rapport à 2006, Sokhiev a visiblement affiné sa conception de la Symphonie fantastique (1830): plus retenue, parfois presque en retrait, préférant aux effets faciles des progressions bien construites et une conduite très ferme, sans exclure pour autant tout souci de la couleur. On y retrouve néanmoins certaines des caractéristiques qui avaient alors été relevées: omission des reprises des premier et quatrième mouvements, refus des exagérations, finesse de la pâte orchestrale, priorité au chant, notamment dans la «Scène aux champs», solide métier – le phrasé est toujours très sûr – et sens dramatique certain – comme cette manière d’accélérer le tempo, jusqu’alors assez mesuré, à la fin de la «Marche au supplice». En tout cas, autant, en première partie, son Debussy pouvait évoquer Shéhérazade, autant son Berlioz n’a que peu à voir avec Une nuit sur le Mont Chauve, tendant autant que possible vers la musique pure: une symphonie davantage que la description d’un «épisode de la vie d’un artiste» évoqué par son sous-titre. Cette relative réserve n’exclut cependant ni intensité, ni effusions, si contrôlées soient-elles, ni vivacité (coda de «Un bal»). L’orchestre se montre remarquable, avec des cordes ne le cèdent pas à la plupart des phalanges parisiennes et, au-delà d’une rigueur collective qui paraît perfectible (fatigue en cours de tournée?), certains soli – clarinette, cor – qui s’illustrent tout particulièrement.


Voilà qui promet pour le 11 février, où, à l’occasion d’une de leurs trois visites à Pleyel prévues la saison prochaine, le Capitole et son chef donneront La Damnation de Faust. En attendant, et après avoir fait longuement saluer tous les musiciens, y compris, une fois n’est pas coutume, le hautbois qui jouait en coulisses au début de la «Scène aux champs», Sokhiev offre deux bis: l’Intermezzo (Entracte de l’acte III) de la Première Suite de Carmen (1875), au lyrisme éperdu, puis le «Trepak» de Casse-Noisette (1892) de Tchaïkovski, à la fois truculent et tiré au cordeau, dans la grande tradition de l’école russe de direction.


Le site de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse


Un extrait du concert:






Simon Corley

 

 

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