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La Passion de Camille

Paris
CRR (Auditorium Marcel Landowski)
05/09/2012 -  et 10* mai 2012
Michel Decoust : Camille (création)

Natacha Piletta (Camille), Ani Sargsyan (La mère, Une causeuse), Marc Haffner (Rodin), Florian Sempey (Paul), Yu-Mi Kim (Colombe), Safa Oukaci (Camille enfant), Théo Delabarre (Paul enfant), Michèle Bréant (Louise), Titziana Piletta (Une causeuse), Adèle Boxberger (Une causeuse), Blaise Rantoanina (Le violoniste aveugle), Inès Grunenwald (Sarah, Une causeuse), Anaëlle Tribout-Dubois (Jane, Une causeuse), Cécile Fargues, Marion Noone, Zelda Perez (Causeuses), Abdel-Rahym Madi (Le juge et l’avocat)
Cyrille Calac, Antoine Chenvet, Christian Ploix, Loïc Guguen, Anastasios Skouris, Romain Stutzmann, Sidney Fierro, Jean-Philippe Catusse, Vincent Nadal (choristes), Chœur intermédiaire de la Maîtrise de Paris, Jalila Bennani (chef de chœur), Classe à option musique du collège Camille Claudel, Marie-Thérèse Massot (professeur), Ensemble instrumental du Conservatoire, Xavier Delette (direction musicale)
Marie-Thérèse Massot (mise en espace, ambiances lumières), Evelyne Coutas (décor)




Avait-on eu des nouvelles de Michel Decoust (né en 1936) depuis la création de son Concerto pour cor lors du festival «Présences» en 2007? Excellente initiative, dès lors, que celle du Conservatoire à rayonnement régional (CRR) de Paris, qui a choisi de créer son unique opéra, Camille. Partenaire fidèle du compositeur, Philippe Bonzon (né en 1939) a concentré en trois actes et treize scènes quelques traits marquants de la vie et du caractère de Camille Claudel, figure de souffrance indéniablement destinée à devenir le sujet d’un ouvrage lyrique. Le moment crucial de chaque acte consiste en la confrontation de l’héroïne avec un personnage – la mère, l’amant (Rodin), le frère (Paul) – autour de laquelle s’agencent des tableaux très divers: retour vers l’enfance de Camille avec son frère et sa sœur, «soirée baroque» du type de celles qu’elle donnait dans son atelier, interventions abstraites du chœur ou, in fine, d’un «violoniste aveugle».


Si l’ensemble instrumental, relativement réduit (deux violons, alto, deux violoncelles, contrebasse, bois par un, deux cors et piano jouant également quelques percussions), suggère un opéra de chambre, les forces vocales n’en sont pas moins importantes: chœur d’hommes, chœur d’enfants et comédiennes (étudiantes de l’Ecole supérieure d’art dramatique, associée aux CRR de Paris et de Boulogne-Billancourt) figurant soit des compagnes d’atelier de Camille, soit un quintette de «personnages oniriques», baptisées «causeuses» par référence au nom d’une de ses sculptures (au troisième acte, les emplois de «causeuses» sont confiés à quatre chanteuses).


En harmonie avec ce livret qui privilégie la psychologie et le rêve sur l’action, la musique suscite les qualificatifs que la note d’intention mobilise pour décrire la personnalité de Camille Claudel: sauvage, farouche, tourmentée, intransigeante, implacable – dès la première mesure, le spectateur est plongé in medias res et n’en ressort qu’à l’issue des 65 minutes du spectacle. D’une force granitique, d’une expression volontiers exacerbée, elle sait néanmoins varier la couleur et le climat pour évoquer la jeunesse de Camille, une «soirée baroque» dans son atelier ou un lumineux apaisement final. Evitant les ensembles, hormis un bref duo entre Camille et Paul, l’écriture vocale s’attache à bien faire entendre le texte et n’hésite pas à recourir à de grands intervalles, mais Decoust est trop fin connaisseur des courants du siècle passé pour se contenter de ce procédé quelque peu daté et offre donc aussi des lignes de chant d’un lyrisme plus confortable, tandis que les enfants, qu’ils soient solistes (la fratrie Claudel) ou choristes, ont des parties émaillées de difficultés d’intonation et de rythme. Ne poussant pas les instruments dans leurs derniers retranchements, la partition met en valeur quelques soli, notamment le violoncelle au premier acte et, bien entendu, le violon dans la dernière scène, cette du «violoniste aveugle».


Placé côté jardin, l’ensemble instrumental laisse libre l’essentiel du plateau de l’auditorium Marcel Landowski, dont une partie du fond est recouverte d’une toile peinte assez peu engageante. Marie-Thérèse Massot a donc pu concevoir une «mise en espace» éclairée par ses propres «ambiances lumières»: guère différent, au début, d’une version de concert, avec pupitres disposés face au public, ce travail, soutenu par des costumes simples mais contribuant à camper chacun des personnages, prend ensuite toute son ampleur, jouant en particulier de la masse des protagonistes.


Sous la houlette de Xavier Delette, directeur du CRR, les forces en présence tirent bien leur épingle du jeu, à commencer par les solistes invités: Natacha Piletta, aussi intense que solide et exacte, Marc Haffner, Rodin au beau timbre de heldentenor, et Florian Sempey, membre de l’Atelier lyrique de l’Opéra national de Paris, qui confirme ses belles qualités techniques et stylistiques. Les étudiants de la classe de chant de Fusako Kondo, quant à eux, paraissent prometteurs, notamment le violoniste aveugle de Blaise Rantoanina, très séduisant ténor léger. Les importantes parties chorales sont bien défendues par les neuf chanteurs formant le chœur d’hommes et par le Chœur intermédiaire de la Maîtrise de Paris ainsi que par les élèves d’une classe à option musique, celle du collège Camille Claudel, bien sûr.


Le site de Michel Decoust
Le site de Marc Haffner
Le site de Florian Sempey



Simon Corley

 

 

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